Archives de
Category: Extraits et citations

L’art de savoir ce que l’on n’aime pas en art

L’art de savoir ce que l’on n’aime pas en art

M. Gérôme avait rénové déjà le glacial ivoire de Wilhem Miéris, M. Bouguereau a fait pis. De concert avec M. Cabanel, il a inventé la peinture gazeuse, la pièce soufflée. Ce n’est même plus de la porcelaine, c’est du léché flasque ; c’est je ne sais quoi, quelque chose comme de la chair molle de poulpe. La Naissance de Venus, étalée sur la cimaise d’une salle, est une pauvreté qui n’a pas de nom. La composition est celle de tout…

Lire la suite Lire la suite

Sur la mer, loin de nous, les éclairs déchiraient l’horizon

Sur la mer, loin de nous, les éclairs déchiraient l’horizon

“Et maintenant, Christian ?” a-t-elle demandé. “Allons…” “Une autre fois, a-t-elle dit, nous irons au champ de pierres une autre fois.” Je connaissais la hutte revêtue de roseaux, au toit de tôle ondulée, du vieil ornithologue qui y avait passé certains étés. La porte pendait aux gonds, une casserole et un gobelet d’aluminium étaient posés sur le fourneau de fer, le divan bricolé était recouvert d’un matelas de varech. Stella s’est assise sur le divan, elle a allumé une cigarette…

Lire la suite Lire la suite

Sur la terrasse

Sur la terrasse

Je poursuis ma découverte émerveillée de Robert Walser. Et tandis que je continue la lecture des Enfants Tanner, à petit pas, presqu’en flânant, comme il convient pour goûter aux charmes discrets de cet immense poète du quotidien, je me suis lancé aussi dans un recueil de ses textes courts, qui a suffi pour le coup à réjouir mon week-end. Tout Robert Walser en une page! C’est simple, pur, ça ne tient presque à rien. Et pourtant le moment est là,…

Lire la suite Lire la suite

Les poètes sont si vulnérables : alors vous autres, ne blessez jamais les poètes

Les poètes sont si vulnérables : alors vous autres, ne blessez jamais les poètes

Quand on peut faire souffrir quelqu’un de malheureux et qui est sans défense, on peut aussi bien torturer une pauvre bête. Les gens sans défense n’excitent que trop souvent chez les forts l’envie de leur faire mal. Sois donc heureux de te sentir fort et laisse les plus faibles en paix. Ta force paraît sous un bien mauvais jour, quand tu t’en sers pour tourmenter les faibles. Cela ne te suffit donc pas d’avoir toi-même les deux pieds sur terre…

Lire la suite Lire la suite

Une timidité dans tout

Une timidité dans tout

Ce matin-là, Kaspar et Klara firent une promenade sur le lac dans une petite barque de couleur. Le lac était calme, brillant et silencieux comme un miroir. De temps à autre ils croisaient un petit bateau à vapeur et cela faisait pendant quelques instants de grandes vagues douces; ils traversaient les vagues. Klara était vêtue d’une robe blanche comme la neige, dont les manches larges pendaient avec nonchalance autour de ses beaux bras et de ses mains. Elle avait ôté…

Lire la suite Lire la suite

Les vrais paradis

Les vrais paradis

L’autre jour, je suis repassé presque par hasard rue des Grands-Augustins avant de poursuivre mon chemin en direction de la Seine, avec un peu plus loin, les façades du musée du Louvre qu’éclairait une lumière automnale. En traversant le Pont-Neuf, je repensais à ces années quand, «néophyte», je lisais Balzac, la recherche de l’absolu de Frenhofer et découvrais la peinture de Poussin. Puis, soudain, un morceau de phrase de Proust s’est mis à remuer en moi: … les vrais paradis…

Lire la suite Lire la suite

Tons neutres

Tons neutres

Ce jour d’hiver, nous longions un étang, Le soleil était blanc, comme maudit de Dieu. Quelques feuilles gisaient sur la terre stérile, Tombées d’un frêne et grises. Vous aviez pour moi le regard qui se perd Dans la banalité des secrets éventés, Nous échangions quelques paroles Qui appauvrissaient d’autant notre amour. Le sourire, O combien funèbre de vos lèvres, Ne durait que pour avoir la force de mourir; Ainsi le traversait un sillon d’amertume Comme vole un oiseau de mauvais…

Lire la suite Lire la suite

Amours baroques

Amours baroques

Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage,Et la mer est amère, et l’amour est amer,L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer,Car la mer et l’amour ne sont point sans orage. Celui qui craint les eaux, qu’il demeure au rivage,Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer,Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage. La mère de l’amour eut la mer pour berceau,Le feu sort de l’amour, sa…

Lire la suite Lire la suite