Il y a bien des chemins dans la blogosphère. Le mien m’a conduit ce premier juin, au commencement de ce billet, où ce n’est pas sans une certaine appréhension que je reprends la plume pour vous conter un nouvel épisode du Voyage au centre de ma PAL. Ceux qui ont suivi les premiers developpements de mes aventures extraordinaires savent quels territoires fabuleux se cachent au coeur mystérieux de ma Pile de livres A Lire. Vous en avez suivi l’exploration patiente. Vous avez découvert quels paysages se dissimulent, un fois tourné au coin d’une pile de poches, deux grandes colonnades de pléiades passées et que suivant le cours tumultueux d’un torrent d’Omnibus jusque dans les profondeurs d’un fond d’étagère s’ouvre devant le regard émerveillé de l’explorateur le pays fabuleux dans lequel j’accumule les livres à lire sans discernement depuis des années à chaque retour de mes virées en librairie. Oui, cela fait déjà bien longtemps que ma PAL n’est plus la sage étagère au coin de mon lit de mes jeunes années. La voilà devenue un être à part, une accumulation de paysages, un empire expansionniste qui jour après jour prend possession de mon appartement et s’y construit le plus beau territoire de terres de fantaisie que l’imagination n’ait jamais rêvé. N’écoutant que mon courage, j’ai entrepris il y a quelques temps l’exploration de ce pays fabuleux. Il faudra un jour que je fasse la carte de ces royaumes. Je réserverai alors une place toute particulière à l’un des endroits sans doute les plus charmants de ces contrées, le Village anglais, où se tient grande fête chaque année, sous le haut patronnage des Dames Lou, Titine et Cryssilda…
Le village anglais
Il faut cependant que je vous fasse le récit de cette année passée. Une année riche en péripéties surprenantes. Convaincu que mon histoire contiendra tant de faits étonnants que ce n’est pas sans peine qu’elle passera pour autre chose qu’un produit de mon imagination pour tous ceux qui la ouiront. En ce premier jour du mois anglais 2015, je devais toutefois rappeler l’enchaînement de hauts faits menaçants, l’accumulation d’adversités qui faillirent bien avoir raison de ma présence parmi vous. En effet, vous aurez peut-être remarqué mon absence de presque un an sur mon blog et sur les vôtres, une absence brutale, non préparée, dont je tremble aujourd’hui encore de rappeler les épisodes.
J’avais passé pourtant le mois de juin de l’an passé, comme il se doit, au coeur de ce Village anglais. En juillet, je me deplaçai jusqu’en ces Terres d’Avignon dont depuis plusieurs années j’avais minutieusement exploré le chemin en reconnaissance. En août, suivant là encore comme chaque année le rituel de mes étés je me rendis dans ces contrées de Germanie où je passe trois à quatre semaines de vacances studieuses, à préparer les lectures, les études, les commentaires auxquels je consacre l’essentiel de ma vie civile. C’est à mon retour que tout a mal tourné. D’abord, j’eus la surprise de constater que mon blog avait été brutalement déménagé sans préavis sur la plateforme nouvelle de l’hébergeur où j’abritais alors le recit de mes petits voyages dans les livres. Puis je vis les bas côtés de mes explorations envahis d’une foultitude de messages vulgaires. Comprenant ce que le monde était en train de devenir sous la pression d’intérêts prosaïques, je refusais de jouer le jeu plus avant et m’armant une fois de plus des instruments qui m’avaient offert tant de fois le secours de leur existence ( j’entends un bon fauteuil, une théière et un coin écarté au coin de la fenêtre) je pénétrai une fois de plus, mais sans être certain cette fois-ci d’en revenir, jusqu’au coeur le plus mystérieux de ma PAL.
Les Terres d’Avignon
Oh, j’y ai vu bien des choses. J’ai connu d’étranges territoires. En octobre, j’abordais en compagnie d’un vieil auteur américain, qui se faisait appeler Ed McBain ( j’ai toujours pensé que c’était un pseudonyme), une cité de crimes et de misère où je suivis pendant plusieurs semaines la vie d’un commissariat. J’avais déjà raconté quelques unes de ces journées auparavant. Il faudra que je vous fasse le récit prochainement de ces quelques semaines. Puis j’accompagnais mon vieil ami Henry James qui me fit découvrir bien des histoires encore: j’ai commencé à rapporter ce qu’il me rapporta alors. Je retournai un vieux royaume de Philosophie, l’un des territoires les plus anciens de ma PAL, où Montaigne et Bergson m’abritèrent quelques temps. Je suivis le cours sinueux du fleuve des Désirs où naviguait un certain Casanova, un vénitien fantasque en qui j’appris à reconnaître un esprit épris de liberté et qui me raconta la souffrance qu’il éprouvait à être confondu avec Dom Juan, dont il méprisait le nihilisme. Je visitais toute une série de microroyaumes peuplés de livres précieux fabriqués patiemment par des éditeurs courageux chez qui le goût de la bonne littérature est brandie comme un étendard. Je vous parlerai un jour aussi des belles rencontres que j’y ai faite, et comment un auteur polonais de grand talent, Adolf Rudnicki, m’y servit de guide.
Mon vieil ami Henry James
J’aurais pu ne jamais en revenir ! Ce sont mes fidèles amis du mois anglais qui m’ont ramené à une position moins intransigeante, me rappelèrent le plaisir des conversations d’autrefois avec Titine, avec ClaudiaLucia, avec Denis, avec Lou, avec Ellettres, avec Romanza, avec Fondantochocolat, avec Karine:), avec Mior, avec missycornish (que tous ceux que j’oublie m’excusent. Ils ont leur place aussi dans la longue liste de ceux qui me ramenèrent à la vie bloguesque).