Cynthia FLEURY: Ci-gît l’amer

« La philosophie politique et la psychanalyse ont en partage un problème essentiel à la vie des hommes et des sociétés, ce mécontentement sourd qui gangrène leur existence. Certes, l’objet de l’analyse reste la quête des origines, la compréhension de l’être intime, de ses manquements, de ses troubles et de ses désirs. Seulement il existe ce moment où savoir ne suffit pas à guérir, à calmer, à apaiser. Pour cela, il faut dépasser la peine, la colère, le deuil, le renoncement et, de façon plus exemplaire, le ressentiment, cette amertume qui Lire la suite…

Une motivation d’ordre privée

« Je vous ai dit tout à l’heure que seule la sphère privée m’intéresse. Il faut que je revienne là-dessus. Je veux dire par là que, si l’on veut bien y prêter attention, on ne peut manquer d’en arriver à la conclusion que tous les soi-disant grands événements historiques doivent en vérité être rapportés à un ou plusieurs facteurs en rapport avec la vie privée de ceux qui en sont à l’origine. On ne devient pas pour rien, c’est-à-dire sans une motivation d’ordre privé, général en chef ou anarchiste, socialiste ou Lire la suite…

Lire un livre

« Lire un livre, c’est presque aussi passionnant que d’écouter parler l’homme qui l’a écrit. C’est encore meilleur, dans un sens, parce qu’on n’a pas besoin d’être poli avec lui. On peut le faire taire quand on le veut en fermant le livre et en en prenant un autre. Et l’on peut ôter ses souliers et mettre les pieds sur la table. » Fredric BROWN, La nuit du Jabberwock

Alexandre KOUPRINE: Le Bracelet de grenats

Fin de saison, au bord de la mer Noire. Pour célébrer sa fête, la princesse Vera Nicolaïevna Cheïne a convié chez elle à dîner des membres de sa famille ainsi que quelques connaissances. A la fin du repas, un petit paquet lui est apporté accompagné d’une lettre signée d’un mystérieux G.S.J… Une fois n’est pas coutume, mes impressions passeront ici avant toute autre analyse de cette histoire touchante. Oui, j’ai adoré le récit d’Alexandre KOUPRINE, auteur que je ne connaissais pas, mais que j’ai découvert (un de plus!) grâce au Lire la suite…

Fin de villegiature sur la Mer Noire

« Vers la mi-août, la nouvelle lune amena brusquement une affreuse période d’intempéries comme seules en connaissent les côtes septentrionales de la mer Noire. Tantôt, pendant des journées entières, un épais brouillard couvrait la terre et la mer, et l’énorme sirène du phare beuglait, nuit et jour, tel un taureau furieux. Tantôt, d’un matin à l’autre, tombait sans interruption une pluie fine comme de la poussière d’eau, changeant les chemins et les sentiers argileux en un épais bourbier où s’enfonçaient désespérément camions et voitures. Tantôt s’élevait du nord-ouest, du côté de Lire la suite…

Joseph Roth: La Légende du saint buveur

Ancien mineur polonais, Andreas a fini sous les ponts de Paris. Un soir, le clochard croise un monsieur bien vêtu, qui lui remet une somme de 200 francs en échange de la promesse de les déposer dès qu’il pourra auprès de la petite Sainte Thérèse lors de la messe du dimanche à l’église des Batignolles… Honnête bien que sans-abri, comme il le dit lui-même,  Andreas n’aura de cesse de ramener l’argent qui lui a été prêté. Cependant, avant que dimanche ne soit là, pourquoi ne pas profiter de son pécule? Lire la suite…

En face de sa chaise, il y avait un miroir

« Il était assis, donc. En face de sa chaise, il y avait un miroir et il ne put s’empêcher de considérer son visage. Ce fut comme s’il se voyait pour la première fois. Il fut terrifié, en tout cas. Il comprit pourquoi, ces dernières années, il avait eu si peur des miroirs. Car ce n’était pas une bonne chose de voir de ses propres yeux sa déchéance. Tant qu’on n’était pas forcé de voir son visage, c’était presque comme si on n’en avait pas, ou comme si on avait encore Lire la suite…

Nancy HUSTON: Poser nue

Jeune femme, au sortir presque de l’adolescence, Nancy Huston a été modèle pour des artistes. Une expérience partagée entre le modèle et l’artiste. Entre la tension de la co-création et la soumission au regard, à des poses imposées tenues parfois pendant de longues minutes, dans l’ambiguïté singulière de se savoir regardée, scrutée, peut-être désirée même. Temps singulier que celui de la pose qui renvoie à l’être-corps, à l’être-femme et à la possibilité de l’émancipation du regard par et peut-être contre l’art aussi dans une certaine mesure. De ces tensions est Lire la suite…

Le modèle

Dans une nouvelle de Bernard Malamud intitulée Le Modèle, un retraité qui avait peint dans sa jeunesse demande à une agence de lui envoyer un modèle. La séance se passe mal; l’homme est de plus en plus troublé; la femme finit par se lever et lui lance: « J’ai sincèrement l’impression que vous ne m’avez pas peinte du tout. Du reste il me semble que ce n’est pas la peinture qui vous intéresse. Ce qui vous intéresse, c’est de laisser vos yeux errer sur mon corps nu, pour des raisons bien Lire la suite…

Par Cléanthe, il y a