Marguerite DURAS: Le Ravissement de Lol V. Stein

« Lol V. Stein est née ici, à S. Tahla, et elle y a vécu une grande partie de sa jeunesse. Son père était professeur à l’Université. Elle a un frère plus âgé qu’elle de neuf ans – je ne l’ai jamais vu – on dit qu’il vit à Paris. Ses parents sont morts. Je n’ai rien entendu dire sur l’enfance de Loi V. Stein qui m’ait frappé, même par Tatiana Karl, sa meilleure amie durant leurs années de collège. Elles dansaient toutes les deux, le jeudi, dans le préau vide. Lire la suite…

Sigrid UNDSET: Printemps

La scène inaugurale du roman -Axel Christiansen, revenu du Danemark où il a passé de nombreuses années, faisant les quatre pas en attendant un frère qu’il n’a plus vu depuis tout ce temps dans la fraicheur d’un printemps norvégien- pourrait servir de résumé de toute cette histoire. Au départ, quatre personnages, Torkild, Doris et Axel Christiansen, trois frères et soeur que la vie a séparés, une jeune fille, Rose Wegner. Rose et Torkild ont grandi côte à côte et Torkild n’a pas tardé à tomber amoureux de Rose. Mais Rose Lire la suite…

Paul LAZARSFELD, Marie JAHODA, Hans ZEISEL: Les Chômeurs de Marienthal

La fermeture d’une usine textile, en 1930, dans le bourg autrichien de Marienthal précipite l’essentiel de la population dans la précarité. Le chômage est quasi général. La dépendance des 3/4 de la population au versement de l’assurance chômage, les privations, les expédients deviennent le lot commun de conditions matérielles d’existence grandement dégradées. Mais le chômage entraine aussi avec lui tout le reste de la vie: représentation de soi, gestion du temps, capacité à faire des projets… L’enquête menée sur le terrain par Marie Johada, et Hans Zeisel, sous la direction Lire la suite…

Cynthia FLEURY: Ci-gît l’amer

« La philosophie politique et la psychanalyse ont en partage un problème essentiel à la vie des hommes et des sociétés, ce mécontentement sourd qui gangrène leur existence. Certes, l’objet de l’analyse reste la quête des origines, la compréhension de l’être intime, de ses manquements, de ses troubles et de ses désirs. Seulement il existe ce moment où savoir ne suffit pas à guérir, à calmer, à apaiser. Pour cela, il faut dépasser la peine, la colère, le deuil, le renoncement et, de façon plus exemplaire, le ressentiment, cette amertume qui Lire la suite…

Une motivation d’ordre privée

« Je vous ai dit tout à l’heure que seule la sphère privée m’intéresse. Il faut que je revienne là-dessus. Je veux dire par là que, si l’on veut bien y prêter attention, on ne peut manquer d’en arriver à la conclusion que tous les soi-disant grands événements historiques doivent en vérité être rapportés à un ou plusieurs facteurs en rapport avec la vie privée de ceux qui en sont à l’origine. On ne devient pas pour rien, c’est-à-dire sans une motivation d’ordre privé, général en chef ou anarchiste, socialiste ou Lire la suite…

Lire un livre

« Lire un livre, c’est presque aussi passionnant que d’écouter parler l’homme qui l’a écrit. C’est encore meilleur, dans un sens, parce qu’on n’a pas besoin d’être poli avec lui. On peut le faire taire quand on le veut en fermant le livre et en en prenant un autre. Et l’on peut ôter ses souliers et mettre les pieds sur la table. » Fredric BROWN, La nuit du Jabberwock

Alexandre KOUPRINE: Le Bracelet de grenats

Fin de saison, au bord de la mer Noire. Pour célébrer sa fête, la princesse Vera Nicolaïevna Cheïne a convié chez elle à dîner des membres de sa famille ainsi que quelques connaissances. A la fin du repas, un petit paquet lui est apporté accompagné d’une lettre signée d’un mystérieux G.S.J… Une fois n’est pas coutume, mes impressions passeront ici avant toute autre analyse de cette histoire touchante. Oui, j’ai adoré le récit d’Alexandre KOUPRINE, auteur que je ne connaissais pas, mais que j’ai découvert (un de plus!) grâce au Lire la suite…

Fin de villegiature sur la Mer Noire

« Vers la mi-août, la nouvelle lune amena brusquement une affreuse période d’intempéries comme seules en connaissent les côtes septentrionales de la mer Noire. Tantôt, pendant des journées entières, un épais brouillard couvrait la terre et la mer, et l’énorme sirène du phare beuglait, nuit et jour, tel un taureau furieux. Tantôt, d’un matin à l’autre, tombait sans interruption une pluie fine comme de la poussière d’eau, changeant les chemins et les sentiers argileux en un épais bourbier où s’enfonçaient désespérément camions et voitures. Tantôt s’élevait du nord-ouest, du côté de Lire la suite…