Ce n’est pas dans les musées qu’il faut chercher des raisons d’espérer

Ce qui compte, c’est la vérité. Et j’appelle vérité tout ce qui continue. Il y a un enseignement subtil à penser qu’à cet égard, seuls les peintres peuvent apaiser notre faim. C’est qu’ils ont le privilège de se faire les romanciers du corps. C’est qu’ils travaillent dans cette manière magnifique et futile qui s’appelle le présent. Et le présent se figure toujours dans un geste. Ils ne peignent pas un sourire ou une fugitive pudeur, regret ou attente, mais un visage dans son relief d’os et sa chaleur de sang. Lire la suite…

Le vent à Djémila

Je parlais hier de mon goût pour les relectures et les réflexions qu’elles suscitent. On ne lit pas un texte pareil à 20, à 40 et à 60 ans, c’est un truisme. Mais l’important est ce qu’on y trouve au miroitement des différentes expériences de la vie. Contrepoint à mes réflexions d’hier autour de l’idéal du bonheur et du sens tragique de l’existence, j’ai trouvé en continuant ma relecture des Noces de Camus cette belle page, qui est un peu une réponse aux objections que je formulais. La jeunesse est-elle Lire la suite…

Relire « Noces à Tipasa »

Lire et relire un texte. Ceux qui fréquentent régulièrement mon blog savent que c’est une de mes préoccupations récurrentes: ces lectures différentes qu’ont fait à plusieurs années de distance d’un même texte. Simple miroir de notre évolution personnelle? Ou plus sérieusement révélation de ces multiples niveaux de lecture d’un grand texte qu’il faut toute une vie pour pouvoir déployer – et une seule vie peut-être n’y suffit pas? Je relis en ce moment Noces de Camus. Et quelques pages à peine après le début du premier texte, le magnifique Noces Lire la suite…

Odilon REDON: Il rêve et autres contes

Le souvenir d’un séjour dans le pays Basque, la rencontre d’une inconnue dans un wagon de train, l’expérience terrifiante d’une voix sortie d’un meuble une nuit dans une chambre d’auberge, le quotidien de la guerre pour les hommes du rang…, voici quelques-unes des propositions de ce recueil de contes d’Odilon Redon. Redécouverts au tout début du XXIe siècle, grâce aux travaux d’une universitaire, Claire Moran, sur le symbolisme, les contes d’Odilon Redon forment le pendant narratif de l’oeuvre d’un peintre pour qui la chose littéraire était sans doute aussi importante Lire la suite…

Rêve d’amour

« La haine doit être rare ici.– La haine s’acharne ici comme partout où la passion anime, mais taisons-nous. Je te désire, durant le séjour que tu viens faire au château, une bonne petite intrigue, bien complète, dont tu puisses lire tous les chapitres. – Et tu m’en diras des nouvelles. – Tu es sceptique. – Tu n’es qu’un rêveur. Ah! Laisse-moi rêver, laisse-moi vivre; je veux croire à l’Amour comme je crois à l’amitié. Laisse mon âme aller, haute et légère dans le pays des songes, dans ce monde incompréhensible, Lire la suite…

Par Cléanthe, il y a

Heimatverlust

« Au-dessus des verres que nous vidions gaiement, la mort invisible croisait déjà ses mains décharnées. Nous lancions des jurons joyeux, des blasphèmes étourdis, tandis que, chargé d’ans, solitaire, pour ainsi dire figé, lointain et pourtant proche de nous, partout présent dans son empire vaste et divers, vivait François-Joseph, notre vieil empereur. Peut-être, quelque part dans les replis secrets de notre âme, ces certitudes que nous appelons pressentiments sommeillaient-elles. La certitude surtout que notre vieil empereur mourait un peu avec chacun des jours qui s’ajoutait à sa vie, et que la Lire la suite…

Yan GAUCHARD: Le cas Annunziato

Un homme, Fabrizio Annunziato, se retrouve accidentellement enfermé dans le musée national San Marco, à Florence. Annunziato ne cille pas, n’appelle pas à l’aide. Il épie à la fenêtre et avance des travaux de traduction. Jusqu’à sa découverte qui va faire grand bruit en Italie.(4e de couverture) La littérature rencontre parfois la vie. Je traverse en ce moment une passe difficile. J’en avais glissé un mot au détour d’une phrase du billet précédent. Et dans ces moments là, on a parfois des expressions qui dépassent les pensées, ou bien remuent Lire la suite…

Youssef Chahine. Le révolutionnaire tranquille. Entretiens avec Tewfik Hakem

Publié à l’occasion de l’exposition organisée à Paris à la Cinémathèque et de la rétrospective qui l’accompagne, l’entretien de Youssef Chahine avec Tewfik Hakem fut initialement enregistré dans l’appartement du cinéaste au Caire et diffusé par France Culture en 2004. Il est précédé d’une lettre-hommage de Tewfik Hakem et complété par une filmographie utile qui fait la liste des films du cinéaste accompagnée d’un résumé. C’est le livre qui tombe à point à l’occasion de cette rétrospective. Je me suis régalé ces derniers temps à quatre films de Chahine, que Lire la suite…

Honoré de BALZAC: Melmoth réconcilié

Tombé éperdument amoureux d’une prostituée dont il entend follement faire sa maîtresse, Castanier, le caissier et homme de confiance de la maison Nucingen s’est horriblement endetté, en profitant de sa réputation d’homme intègre. Poussé au défaut de paiement, il s’apprête à escroquer la banque qui l’emploie et à fuir en Italie pour y mener la grande vie, lorsqu’un étrange personnage, faisant barrage à ses projets, lui propose un pacte singulier: vendre son âme au diable en échange de la satisfaction de tous ses désirs… On oublie parfois avec quel talent Lire la suite…