Le mystère du café

« Certains breuvages présentent cette particularité qu’ils perdent leur saveur, leur goût, leur raison d’être, quand on boit autre part que dans les cafés. Chez un ami, chez soi, ils deviennent apocryphes, comme grossiers, presque choquants. Tels les apéritifs. Tout homme – s’il n’est alcoolique – comprend qu’une absinthe, préparée dans une salle à manger, est sans plaisir pour la bouche, malséante et vide. Enlevés de leur nécessaire milieu, les dérivés de l’absinthe et de l’orange, les vermouths et les bitters blessent par la brutalité de leur saveur ardente et dure. Lire la suite…

Honoré de BALZAC: Pierre Grassou

Pierre Grassou, dit Fougères, est un peintre mediocre qui, à force de patience et d’un travail acharné, a su réussir à la fin de la Restauration et sous la Monarchie de juillet, un petit talent, barbouilleur de toiles qui ont fait leur effet, jusqu’à la Cour, inspirées des peintres anciens. Pendant des années, Grassou a survécu en revendant ses toiles à un prix modique, à un marchand malhonnête, Elias Magus, qui a su mettre à profit son talent imité des Rembrandt, Titien, etc. Un jour, Magus surgit dans l’atelier, introduisant Lire la suite…

Honoré de BALZAC: L’Élixir de longue vie

Le jeune Don Juan Belvidéro est un joyeux jouisseur de Ferrare. Au cours d’une nuit de débauche, un serviteur vient annoncer à don Juan que son père se meurt. Le jeune homme se rend auprès du vieillard, qui lui annonce le fruit de vingt longues années d’études: il a découvert un élixir de longue vie dont il suffira au fils d’enduire le corps du père après sa mort pour le ressusciter… Avec cette nouvelle écrite dans le style des récits effrayants de 1830 et du fantastique exubérant d’E.T.A. Hoffmann dont Lire la suite…

Ivan TOURGUÉNIEV: Moumou

« Tout au bout de Moscou, dans une maison grise, agrémentée d’une colonnade blanche » vit une vieille femme de haut rang. Ne sachant trop quoi faire de ses jours et de ses nuits, elle se comporte de manière tyrannique à l’égard du nombreux personnel qui la sert de manière servile. Le portier Gérasime, un grand gaillard sourd-muet ramené de la campagne, dont tout le monde se moque un peu quand il a le dos tourné, n’est pas le dernier à la tâche. Timidement, il est tombé amoureux de Tatiana, une blanchisseuse Lire la suite…

Ivan TOURGUÉNIEV: Le Journal d’un homme de trop

« Le médecin vient de partir. Enfin j’ai réussi à en tirer quelque chose! Malgré ses finasseries, il n’a pu s’empêcher de se trahir, à la fin! Oui, je mourrai bientôt, très bientôt. Les rivières vont dégeler et moi je m’en irai… ». Au seuil de la mort, un homme se souvient. Mais à quoi bon écrire sur soi, quand on sait qu’on va mourir ? Au fil des jours qui lui restent à vivre, le narrateur cherche un sujet, sa plume marque un temps d’arrêt, pendant qu’à l’extérieur le temps lui Lire la suite…

Thomas HARDY: Sous la verte feuillée

Dans le Wessex, ce sud imaginaire de l’Angleterre servant de cadre aux romans de Thomas Hardy, le village de Mellstock offre le spectacle d’une paisible contrée. La vie s’y partage harmonieusement entre le travail et l’office du dimanche. L’arrivée d’une nouvelle institutrice, Fancy Day, et d’un nouveau vicaire pour la paroisse ne va pas tarder cependant à précipiter la petite communauté dans le jeu tourbillonant de passions nouvelles… J’ai déjà dit, dans d’autres billets, tout le bien que je pense de Thomas Hardy, dont je continue à explorer l’oeuvre avec Lire la suite…

Ivan TOURGUÉNIEV: Pères et fils

Devant un relais de poste, dans la campagne russe, en plein 19ème siècle, un homme attend. Nicolas Petrovitch Kirsanov attend son fils, Arcade. Parti étudier à Saint-Pétersbourg, celui-ci revient, pour quelques semaines d’été, dans la propriété familiale, accompagné d’un nouvel ami, Eugène Vassiliev Bazarov… On réduit souvent la litterature russe du 19ème siècle aux questions sociales qu’elle pose ou aux conflits idéologiques qu’elle illustre. Je ne crois pas que ce soit lui rendre entièrement justice, même si l’obsession sociale, politique des 19ème et 20ème siècles russes a porté un temps Lire la suite…

Baptiste MORIZOT : Les Diplomates

En 1993, un couple de loups italiens parti faire de l’exploration s’établit dans la région des Alpes, près de Nice. En 2015, ce sont plus de 300 loups dispersés au hasard des campagnes françaises. Réapparu de lui-même à partir d’une souche italienne, le loup se répand, de manière discrète, faisant ressurgir ici où là l’imaginaire exterminateur qui, depuis Charlemagne, a construit la stigmatisation de « la Bête » en ennemi absolu de la civilisation, ou bien l’expression inversée d’un angélisme écologique urbain contemporain qui voit dans tout ce qui est naturel et Lire la suite…

Fiodor DOSTOÏEVSKI: Les nuits blanches

À Pétersbourg, l’été, dans les beaux quartiers, les gens partent pour leur datcha. Sauf le narrateur, peut-être, qui, perdu dans la brume de ses pensées, préfère se livrer à de grandes promenades quotidiennes et solitaires dans cette ville qui, dans la blancheur laiteuse de nuits sur lesquelles le soleil ne se couche pas, apparaît comme un rêve sorti des eaux. Une nuit justement, au retour d’une de ses errances habituelles, il tombe sur une jeune fille qui pleure au bord d’un canal. Nuit après nuit, une relation de confiance se Lire la suite…