Jules VERNE: Cinq semaines en ballon

Il y avait une grande affluence d’auditeurs, le 14 janvier 1862, à la séance de la Société royale géographique de Londres, Waterloo place, 3. Le président, Sir Francis M…, faisait à ses honorables collègues une importante communication dans un discours fréquemment interrompu par les applaudissements. Ce rare morceau d’éloquence se terminait enfin par quelques phrases ronflantes dans lesquelles le patriotisme se déversait à pleines périodes : « L’Angleterre a toujours marché à la tête des nations (car, on l’a remarqué, les nations marchent universellement à la tête les unes des autres), par Lire la suite…

Guillermo MARTINEZ: La mort lente de Luciana B.

Un dimanche matin, le narrateur, un romancier et un critique spécialiste des avant-gardes littéraires, est réveillé par un coup de fil de Luciana B., qui l’appelle au secours. Le narrateur a connu Luciana, dix ans plus tôt, une jolie jeune fille à peine sortie de l’adolescence avec laquelle il a failli avoir une aventure. Mais l’histoire que Luciana, sortie brusquement du passé, a à lui raconter est d’une toute autre couleur: autour d’elle, les morts s’accumulent, liés à la personnalité d’un écrivain à succès, Kloster, dont elle a été jadis Lire la suite…

Alberto MANGUEL: Une histoire de la lecture

Le vieux Borgès, aveugle, priant le jeune Manguel de venir lui lire des livres qu’il connaît déjà par coeur. Ambroise, penché sur son livre, dont il rumine les mots, sans même bouger les lèvres. Une fillette, Colette, dans un village de Bourgogne, lisant et relisant les mêmes livres, parmi lesquels Les Misérables, y découvre sa passion pour la fiction… Lire, semble-t-il, chacun sait ce que c’est. Et pourtant combien cette occupation recouvre d’actes ou de faits de la vie, de l’esprit? Est-ce vraiment la même chose de lire à haute Lire la suite…

Six ans déjà

C’est aujourd’hui l’anniversaire de mon petit carnet de lecture, qui, bon an mal an, commence à s’épaissir, à prendre un peu de ventre. Le privilège de l’âge, n’est-ce pas? Six ans donc. Six ans déjà. J’ai pris le temps hier de fouiller entre les pages de mon carnet, d’en ramener quelques souvenirs des lectures qui m’ont accompagnées au cours de ces six années, comme d’anciennes cartes postales, des photos de vacances déjà un peu jaunies. J’y ai trouvé aussi ces livres que je croyais avoir lu hier. Comment? Quatre ans? Lire la suite…

Paul VERLAINE: Romances sans paroles

Parmi quelques belles découvertes (le chanteur, le poète argentin Atahualpa Yupanqui, aux rythmes de milonga mélancoliques) et la fin d’un Zola dont je parlerai d’ici peu, j’ai relu en ce début de week-end les Romances sans paroles, dont j’avais déjà été bien occupé l’an passé. Verlaine est un poète certes, mais c’est d’abord pour moi un peintre sublime. Je trouve dans sa poésie des effets d’éloignement superbes: « … soyons deux jeunes filles / Éprises de rien et de tout étonnées, / Qui sans vont pâlir sous les chastes charmilles ». Ce Lire la suite…

Pär LAGERKVIST: Barabbas

De Jésus de Nazareth, mort crucifié par les Romains, on sait ce que l’Histoire sainte nous en raconte. On connaît aussi l’histoire du premier siècle du christianisme, la diffusion de la nouvelle religion jusqu’à Rome, en particulier parmi les esclaves, le succès de la doctrine du Christ fondée sur la proclamation de l’amour universel. Mais de Barabbas, le sédicieux, le criminel, libéré par acclamation de la foule à Jérusalem à la place du Christ (c’est du moins ce que le Nouveau Testament nous en dit), que sait-on? Sur cette question, Lire la suite…

August STRINDBERG: Pâques

Une véranda, donnant sur un jardin, une route, et au delà une autre maison où vient de s’installer un certain Lindqvist, principal créancier de la famille. Le père, en effet, est en prison car il a détourné l’argent qui était destiné à de jeunes orphelins. Éléonora, la fille de la famille, a été internée. Au cours de trois journées, qui pourraient être trois journées de deuil, d’enfoncement dans le malheur, la famille tourne et se retourne entre sentiment d’abandon par le père, culpabilité, jalousie, trahison, impression d’une faute dont la Lire la suite…

August STRINDBERG: Mademoiselle Julie

Le soir de la saint Jean. Trois personnages: Mademoiselle Julie, 25 ans; Jean, un valet, 30 ans; Kristin, la cuisinière, 35 ans. La scène se déroule dans la cuisine. Le comte – le maître -, est parti fêter la nuit ailleurs. On n’attend pas son retour avant le petit matin. Mais sa fille, Julie, a préféré rester au château, où elle s’encanaille avec les domestiques. On entend au loin les bruits de la fête… On connaît de Mademoiselle Julie le sous-titre célèbre de l’auteur – un tragédie naturaliste. Le face à face, Lire la suite…

Hjalmar SÖDERBERG: Le Jeu sérieux

Un été, alors qu’ils se trouvent l’un et l’autre en villégiature dans l’archipel idyllique qui s’étend entre la capitale suédoise et la mer, deux jeunes gens échangent des baisers et des mots d’amour. Lydia est la fille d’un peintre de paysages, qui a connu le succès en son temps; Arvid, un jeune licencié, qui rêve d’arriver à quelque chose dans sa vie. Mais des baisers échangés un été, dans le jardin d’une demeure, au bord de la Baltique, entre les pins, les rochers et les rencontres musicales qu’organise le vieux Lire la suite…