Joël SCHUERMANS: Vers Syracuse. Une errance ferroviaire

Joël SCHUERMANS: Vers Syracuse. Une errance ferroviaire

Joël Schuermans aime les voyages en train. Et les récits de voyages en train. Après Varsovie et Sarajevo, destination des deux précédents récits publiés dans la collection, direction cette fois Syracuse. Départ: gare de Liège. Puis ce seront Aix-la-chapelle, Mannheim, la Suisse, Berne, Brig…toute une litanie de noms rêvés, de pays traversés, qui sont autant d’étapes, de changements de quais, de train, avec son lot d’accrocs à un emploi du temps trop serré, ces contrariétés du voyage qui sont des découvertes, donc l’aventure. Après une pause technique à Brig, au cœur des Alpes suisses, pour cause de correspondance mal négociée, premier arrêt sérieux à Rome, puis Naples et son désordre, le détroit de Messine, Syracuse, L’Italie, la Sicile, l’Etna, Noto la baroque et Catane. Un délicieux voyage d’aller-retour pour l’Italie vue de train a commencé…

“L’errance ferroviaire” de Joël Schuermans est la belle découverte du mois dernier, dénichée par hasard, alors que mon regard, comme chaque année, quand le printemps s’annonce, recommençait à se tourner vers l’Italie. Rien de plus délicieux dans ces moments-là que les notations impressionnistes d’un récit tel que celui-ci. A condition bien sûr d’aimer les trains! Mais c’est aussi cela qui a retenu mon regard. La plume de Joël Schuermans est en effet trempée dans l’encre noire des ballasts, les changements de train, les gares. La fenêtre du compartiment, les heures grappillées au gré de courtes étapes sont généralement le site depuis lequel il observe une Italie de sensations, plus ou moins mêlées d’aspirations rêvées pour le voyageur qui l’aborde – c’est toujours l’ambiguïté d’un récit de voyage que le voyageur même lorsqu’il cherche à s’effacer derrière l’objectivité d’un regard y projette aussi beaucoup de soi, de ses attentes, d’un imaginaire personnel et, lorsqu’il sait ressentir, singulier, mais c’est cet entre deux qui fait aussi le charme de la littérature de voyage. Et c’est ce sentiment de liberté qui l’envahit à peine passé la frontière italienne, Naples “dans son cadre immédiat, semblable à La Havane”, autant de scènes croquées donc comme sur les pages d’un carnet de voyage, à quoi s’ajoute l’évocation des sons, des goûts, des odeurs. Car Joël Schuermans, s’il aime les trains, est aussi, semble-t-il, un gourmand: bruschette, panzanella, rigatoni all’amatriciana, agnello a lo succo, sans oublier bien sûr la verace pizza napoletana, les spaghetti con polpette, la piadina prosciutto e fontina qui fait un délicieux pique-nique, la fragrance inimitable des vergers de citronniers siciliens, la granita, entremet glacé sicilien à la délicieuse texture de neige sans comparaison avec la glace pilée gorgée de sirop qu’on vend partout dans le monde sous ce nom. Les belles évocations gastronomiques qui parsèment son voyage constituent l’autre bon moment de ce récit. Bref, on passe un joli moment à suivre la pérégrination ferroviaire de Joël Schuerman. Et sa passion est communicatrice. J’ai dans la foulée pris plusieurs billets de train avec changements en Suisse et à Milan, descente par Brig et Domodossola, retour par Lugano et la ligne touristique du Saint-Gothard, pour un prochain séjour de quelques jours en Vénétie, où je me rendais depuis plusieurs années régulièrement en voiture, promesse d’un horizon printanier qui s’annonce aussi délectable que les terres sicilienne estivales parcourues par Joël Schuermans.

2 réflexions sur « Joël SCHUERMANS: Vers Syracuse. Une errance ferroviaire »

  1. Un livre qui doit être très sympathique à lire avant ou après avoir effectué le même trajet que l’auteur pour pouvoir visualiser les lieux 🙂

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