Dans le désert de Wadi Rum
la beauté extrême est douloureuse, je ne sais pourquoi. Par impossibilité de la retenir ? Comme expérience accélérée de la fugacité de l’existence ? Je suis vivante, au sein de ce monde désirable, et je passerai, comme s’achèvera tout à l’heure ma rencontre avec cette splendeur. Peut-être aussi parce que chez moi, la force d’une émotion exige toujours d’être convertie – il faudrait dans un deuxième temps, en « faire quelque chose » (comment taire ?). Or, on ne peut pas passer son temps à fixer ses émerveillements. Et cet irrépressible besoin de les partager ne s’explique-t-il pas en partie ainsi : « Regarde ! Regarde ! », dit-on à qui nous accompagne avec l’espoir secret et informulé de lui faire porter avec nous le fardeau de la beauté.
Belinda CANNONE, La forme du monde, Flammarion, 2019
2 réflexions sur « Dans le désert de Wadi Rum »
Il est revenu ! On devait être plusieurs à commencer à s’inquiéter.
Bon retour dans les livres et dans les blogs.
Merci pour ton message! Non, pas d’inquiétude. Je n’ai pas quitté les livres en fait. Juste un peu de distance pris avec les blogs, et les écrans en général- après des heures de télétravail, j’avoue que j’avais plus envie de me jeter dans les livres ou de regarder des films que de rallumer l’ordi. Mais promis, je remets un peu d’ordre dans ce blog, et je retrouve un rythme régulier!