Pour cette première étape du challenge Escapades en Europe – Voyages dans les Littératures européennes, direction les années 1920, cette décennie où les écrivains réinventaient la forme romanesque à mesure que l’Europe pansait ses plaies. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que nos lectures ont fait le grand écart – géographique, stylistique, et émotionnel ! Alors, cap sur nos destinations!

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Sologne, nature et liberté : Raboliot

Patrice a ouvert le bal en prenant le grand air – et quelle bouffée d’oxygène avec Raboliot de Maurice Genevoix ! Ce braconnier des étangs de Sologne devient sous la plume de l’académicien un héros farouche de liberté. On suit ses escapades dans les broussailles, ses provocations face à l’autorité, et l’on découvre au fil des pages un roman puissant, précis, enraciné dans la terre mais porté par un souffle universel. La langue est riche, le récit haletant. Un roman de terroir ? Oui, mais avec une âme indomptable!

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Londres, Big Ben et flux de conscience : Mrs Dalloway

Autre chef-d’œuvre, autre style : chez Je lis, je blogue, c’est Virginia Woolf qui prend la plume, et nous avec elle, pour suivre Mrs Dalloway dans les rues de Londres. Pas de grande action ici, mais une journée entière à plonger dans les pensées intimes des personnages, comme dans un ballet silencieux d’âmes esseulées. Un roman exigeant, certes, mais dont l’écho se prolonge longtemps après lecture. Et puis, comment résister au battement hypnotique de Big Ben qui scande l’écoulement du temps ?

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Sasseneire, la montagne sans vertige : La Grande Peur dans la montagne

Et puis parfois, l’escapade tourne court. Sandrine, pleine de courage, a tenté l’ascension du roman de Charles Ferdinand Ramuz. Hélas, la grande peur promise s’est fait attendre. Personnages caricaturaux, langue répétitive, tension absente : une montagne d’ennui plutôt que d’angoisse. Mais qu’à cela ne tienne ! L’exercice n’était pas vain : il nous rappelle que tous les classiques ne résistent pas toujours à l’épreuve du temps – et que l’honnêteté critique fait aussi partie du voyage.

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Italie, soleil et métamorphoses : Avril enchanté

Tullia nous a offert une parenthèse lumineuse avec Avril enchanté d’Elizabeth Von Arnim. Quatre femmes anglaises en escapade dans un château italien : le décor est planté pour une comédie pleine de charme, de renouveau, de fleurs et de féminité. Entre humour so british, critique sociale et sororité inattendue, ce roman plein de fraîcheur a fait l’effet d’un jardin en fleurs après l’hiver : une véritable cure de joie et de lumière.

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Trieste, confession ironique et lucide : La Conscience de Zeno

Enfin, j’ai mis le cap sur Trieste avec La Conscience de Zeno d’Italo Svevo, chef-d’œuvre d’ironie introspective et d’hypocondrie existentielle. Zeno fume, procrastine, se contredit et s’analyse jusqu’à l’absurde. Mais derrière les faux-semblants, c’est un monument du roman moderniste qui se joue sous nos yeux : entre Freud, Joyce et un humour distancé. On en sort pris au piège d’un narrateur menteur et fascinant. Une vraie leçon de lucidité… ou d’illusion bien maîtrisée.

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[Màj du 19/05] Keisha, qui nous rejoint quelques jours plus tard, a lu Flush, de Virginia Woolf.

[Màj du 20/05] Nathalie a lu David Garnett, La Femme changée en renard

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Merci à tous les participants de cette première escapade! (et aux retardataires qui peuvent toujours se manifester et que je rajouterai sur la page du Challenge). Lire vos chroniques a été vraiment passionnant. Preuve qu’on voyage parfois mieux à plusieurs, et avec plus de plaisir! J’en ai tiré quelques idées de lecture – ce qui entre nous n’arrange pas mon affaire, les tentations de lecture se succédant un peu trop vite ces temps-ci: Genevoix, dont Patrice m’a découvert l’autre versant de l’œuvre, à côté du plus connu Ceux de 14; et Ramuz, que je ne désespère pas de faire aimer, même si pour Sandrine, cette fois-ci, la rencontre ne s’est pas faite, et dont je reparlerai sans doute à l’occasion de l’escapade de juillet.

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En juin, cap sur une autre époque, un tout autre paysage littéraire: Shakespeare. Ses drames, bien entendu: comédies, tragédies, drames historiques. Mais aussi peut-être ses sonnets. Et pourquoi pas un livre qui s’inspire de lui ou d’une de ses pièces? (Je n’en dis pas plus…).

Alors, rendez-vous le 15 juin!

En attendant, je vous laisse savourer encore les résonances de ce mois de mai placé sous le signe de la modernité, des paysages intérieurs et des voix européennes qui, un siècle plus tard, n’ont rien perdu de leur intensité.

À très vite pour la suite du voyage littéraire !