Virginia WOOLF: Vers le phare
« Une soirée d’été sur une île au large de l’Écosse. Pôle de convergence des regards et des pensées, Mrs Ramsay exerce sur famille et amis un pouvoir de séduction quasi irrésistible. Un enfant rêve d’aller au Phare. L’expédition aura lieu un beau matin d’été, dix ans plus tard. Entretemps, mort et violence envahissent l’espace du récit. Au bouleversement de la famille Ramsay répond le chaos de la Première Guerre mondiale. La paix revenue, il ne reste plus aux survivants désemparés, désunis, qu’à reconstruire sur les ruines… » (Présentation de l’éditeur)
Il y a un moment que j’avais envie de me remettre à la lecture de Virginia Woolf. Le rendez-vous du jour du mois anglais (Journée Bord de mer) a été l’occasion à saisir. Je sors de trois journées d’une lecture émerveillée. Beaucoup considèrent Vers le phare en effet comme le chef d’œuvre de l’auteure. Il s’agit assurément d’un grand livre, d’un très grand livre.
Difficile pourtant de résumer un tel roman. Au centre de l’histoire, un diptyque : avant/après. Avant, c’est-à-dire avant la première guerre mondiale (1ère partie : « La fenêtre »). Une journée d’été sur une île d’Ecosse. Dans la maison de vacances qu’ils occupent avec leur huit enfants, Mr et Mrs Ramsay ont réuni autour d’eux des connaissances. Chacun va à ses pensées, ses préoccupations. Des amours s’esquissent entre des jeunes gens. On parle d’une promenade au phare, le lendemain. Mais il semble que le temps se gâte. Au cours de la soirée qui réunit chacun autour de la grande table et d’une mémorable daube, la pluie finit par tomber. Dix ans plus tard (3ème partie : « Le phare »), après le conflit, certains sont morts, dont Mrs Ramsay. Pourra-t-on faire ressurgir le passé qui n’est plus et exorciser les regrets lors d’une promenade au phare ? Avec cet art des petites choses qui sait révéler les données les plus importantes de l’existence dans des détails apparemment anodins, Virginia Woolf n’a sans doute jamais été aussi subtile que dans ce très grand récit, où percent l’influence de la lecture qu’elle venait de faire de Proust et des relations autobiographique à exorciser. Au centre de l’histoire, la maison, souvenir de la demeure où Virginia Woolf passa ses étés enfant sert de fil entre les différents temps du récit, mis en scène par une courte, mais éblouissante partie centrale (2ème partie : « Le temps passe »).
Difficile pourtant, je le répète, de parler de ce roman. Cela tient essentiellement aux conditions de la lecture. S’il promet une promenade au phare et la douceur d’un paysage de côte anglais, ce n’est pas le genre de livre qu’on lirait à la plage ! Poussant sa manière plus loin encore qu’elle ne l’avait fait dans Mrs Dalloway, Virginia Woolf a produit une sorte de poème où se mêlent des pensées à peine formulées, le passage du point de vue d’un personnage à l’autre parfois au cours d’une même phrase, de sensibles descriptions d’un paysage maritime qui s’illumine sous une plume habile à saisir l’art des choses et l’impression qu’elles font dans la conscience, des idées incidentes. Bien sûr, donc, ce n’est pas un livre facile. Le lecteur se perd parfois d’un personnage à l’autre, se retrouve contraint de résister à certaines de ses habitudes, celle notamment de tourner compulsivement les pages. C’est un de ces textes qu’il faudrait pouvoir lire lentement, très lentement, qui s’éclaire j’en suis sûr à la deuxième ou troisième lecture. Mais quel plaisir de se baigner dans cette eau qui, en une langue sensible et des perceptions diffuses, brasse à la fois la question du passage du temps, du rapport des hommes et des femmes, de la représentation artistique. Et tant d’autres encore !
20 réflexions sur « Virginia WOOLF: Vers le phare »
je n’ai jamais lu de roman de Virginia Woolf. ta chronique me fait bien envie
Ce n’est pas non plus son roman le plus facile. Pour découvrir cette auteure, je te conseillerais plutôt le très romanesque “Nuit et jour” et pour découvrir sa technique du flux de conscience “Mrs Dalloway”.
il va falloir que je lise du Woolf….oh oui et tu donnes envie lala….
Je t’envie d’avoir encore cette auteure à découvrir! Comme je le disais à Bidib, je te conseillerais d’entrer dans l’oeuvre de Virginia Woolf avec « Nuit et jour », puis « Mrs Dalloway ».
oh merci pour tous conseils…oui je note…je veux vraiment commencer…;)
C’est sans doute môn roman préféré de VW il y a une telle maîtrise du récit, du dialogue intérieur qui se déroule avec une grande simplicité alors que cet aspect de l’écriture est tout sauf simple
J’aime l’atmosphère qui se dégage du récit
Un très très grand roman
J’ai un peu de peine à dire encore si c’est celui-ci que je préfère. Il faut que les choses se décantent encore. C’est toujours comme ça, quand je lis Virginia Woolf – pour les mêmes raisons à peu près, Faulkner me fait le même effet. En tout cas, j’ai fini le livre hier et je sens que ça travaille déjà. Je me suis réveillé ce matin des paysages côtiers d’Écosse plein la tête:-)
Comme Bidib, j’aimerais découvrir Virginia Woolf grâce à ce roman !! 🙂 c’est noté !
Comme je le disais à Bidib, je pense que c’est mieux de commencer avec “Nuit et jour” puis “Mrs Dalloway”. “Vers le phare” est très bien mais peut se révéler déroutant pour un premier contact 😉 En tout cas, tu devrais te régaler.
Je devrais bien le relire…
(je sors de La chambre de Jacob, billet non paru, j’ignore s’il y a un jour pour le mois anglais, pas grave)
Je t’avoue que j’ai déjà envie de le relire. Il faut bien 2 ou 3 lectures pour se laisser habiter complètement par ce roman!
Il faut effectivement se laisser porter par ces pages… Une merveille !
Une belle expérience de lecture en effet.
J’avais beaucoup aimé ce roman. Impossible pour moi de hierarchiser Woolf, je tombe sous le charme à chaque fois (sauf Nuit et Jour que j’ai trouvé trop peu Woolfien si je puis dire). Immergée dans Jacob’s room, c’est aussi la valse des pensées et des personnages qui se mélangent, joie !
Je crois que j’aime tout. Nuit et jour, certes, est différent des autres. Mais j’ai beaucoup aimé ce roman aussi. C’est comme lorsqu’on admire un tableau de la periode post impressionniste ou fauve d’un grand peintre abstrait. Virginia Woolf n’est pas encore là et c’est déjà pourtant tellement elle.
Mon préféré de l’auteur. Une lecture que j’ai vécue de façon très particulière, même si comme tu le dis, il est très difficile d’en parler.
Je ne sais pas si c’est mon préféré. Mais j’ai beaucoup aimé assurément.
J’avais eu du mal à le lire. Je me souviens notamment d’une peinture dans la dernière partie, ce passage m’avait beaucoup plu. Je le relirai dans quelques années, ça passera peut-être plus facilement.
Un très beau roman http://lebouquineur.hautetfort.com/archive/2017/04/25/virginia-woolf-vers-le-phare-5936555.html
Un roman à lire et à relire, bien d’accord !