Walter SCOTT: Rob-Roy

Walter SCOTT: Rob-Roy

Rob-Roy.pngA la veille de l’insurrection de 1715, Frank Osbaldistone est le fils d’un des négociants et financiers les plus influents de Londres. Après avoir séjourné en France pour y parfaire sa formation commerciale, il est rappelé par son père auquel il a fait part de son désir de se consacrer à la poésie puis placé par lui devant un ultimatum : prenant le partie de la littérature contre son père plutôt que celui des affaires, Frank est déshérité…

Un très grand livre assurément. Les ingrédients du romanesque sont savoureux. Walter Scott se montre maître à enchaîner les intrigues. L’intrigue de l’exil à quoi Frank est contraint se double rapidement d’une intrigue amoureuse : au terme d’un implacable marché, Frank Osbaldistone est contraint de s’exiler chez son oncle et ses cousins, de solides gaillards qui conduisent, pris de chasse et d’alcool, à l’abri des murailles de leur château du Northumberland, une vie désordonnée, pendant que l’un de ses cousins, Rashleig, viendra prendre à Londres la place d’héritier des affaires commerciales. Il y rencontre une nièce de son oncle, Diana, une jeune fille pauvre, belle, indépendante et effrontée qui semble avoir comme poussé toute seule dans cette société d’hommes grossiers, et dont il tombe immédiatement amoureux. Suffisamment mystérieuse pour préparer déjà l’intrigue politique à venir et en même temps amicale envers Frank pour que lecteur ne doute pas de l’existence de sentiments dont elle refuse l’aveu au jeune homme, la présence de cette jeune fille entretient joliment l’intérêt au cours de ce deuxième épisode, jusqu’à ce qu’une fausse déclaration de vol vienne jeter le discrédit sur Frank et lui prouver jusqu’où s’étend le pouvoir de Diana, grâce à l’intervention favorable de la jeune fille et d’un mystérieux personnage dont Frank ne doute pas qu’il soit le véritable voleur. Cependant, une querelle a éclaté entre lui et son cousin, portée par la rivalité des deux jeunes gens. Rasleigh, jeune homme vil et intelligent, tout à l’opposé de ses frères, part  prendre la place de Frank à Londres. Bientôt la nouvelle parvient de Londres que Rasleigh s’est rendu coupable de détournement d’argent. La faillite menace l’affaire familiale. Pressé de se rend au plus tôt à Glasgow pour y rejoindre Owen, le premier commis de son père qui œuvre là-bas à s’assurer le soutien de partenaires de son père, Frank pénètre en Ecosse. C’est le début d’une intrigue financière qui, après les rocambolesques interventions de Rob-Roy, bandit au grand cœur qui prévient Frank des plans que Rashleigh a ourdi contre lui, se mue en une double intrigue aventureuse (le voyage de Frank et du très humain bailli Nicol Jarvi, partenaire commercial de son père, dans les Highlands) et politique (nous sommes à la veille de l’insurrection de 1715 et bientôt la révolte éclate).

Au-delà de l’intrigue, les mérites de ce livre sont multiples. C’est d’abord un très grand roman historique. Par le biais de la pérégrination du jeune Osbaldistone de France jusqu’en Ecosse, Walter Scott trouve le moyen, le long de cet itinéraire qui est aussi une plongée toujours plus loin dans le passé romanesque de la Grande-Bretagne, de donner au lecteur à traverser les tensions ou les oppositions qui font pour l’écrivain la matière de l’Histoire : oppositions du commerce et de la poésie ; du sud, londonien et entreprenant, et d’un nord, rural et rustique ; des protestants et des catholiques ; de l’Angleterre et de l’Ecosse ; des jacobites et des hanovriens ; des Lowlanders et des Highlanders.

Le fait que le personnage principal soit le narrateur de cette histoire prétendument adressée par un Frank Osbaldistone vieillissant, rangé de l’aventure, au fils de l’associé de son père n’est pas le moins plaisant ici. L’assurance du jeune homme, son côté un peu imbu de lui même, quoique sans excès, l’écart entre les faits et le récit qu’il nous en donne sont une des formes les plus manifestes de l’humour de Walter Scott, que je ne m’attendais pas à trouver chez cet auteur, souvenir sans doute d’un Ivanhoé et d’un Quentin Durward lu enfant avec l’esprit de sérieux caractéristique de cet âge.

Vraiment un très grand livre donc, qui va m’inciter je crois à poursuivre assez vite ma lecture (ou relecture) des autres romans de Walter Scott.

 

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4 réflexions sur « Walter SCOTT: Rob-Roy »

  1. Quel enthousiasme et quel bel article! Merci pour cette riche contribution au challenge romantique.
    Je me souviens avoir lu Rob Roy lors d’un voyage en Ecosse, c’est pourquoi je m’étais intéressée presque uniquement à tout ce qui concernait les Highlands et le brigand Rob Roy. Ton billet est plus
    complet que le mien!

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