Le goût du café
Par le moyen de recueils de textes d’écrivains, la collection « Le goût de… » se plait d’ordinaire à aborder le vocabulaire sensuel d’ une ville ou d’un pays, en commençant justement par le goût, les odeurs, l’exploration d’un imaginaire collectif. Il en est sur presque toutes les destinations, de l’Abyssinie à Vienne, de Bali à Genève, de la Loire à Shangai. Ce sont des petites livres très bien faits, une sorte d’introduction au voyage, que j’aime à collectionner au gré de mes déplacements réels ou rêvés. Depuis quelques temps, la collection s’ouvre à d’autres titres, qui sont ceux d’une géographie symbolique: Le goût de l’amour, Le goût de la marche, Le goût du jazz, et bien sûr le thé, le chocolat, le café ont leur petit volume.
Ce goût du café nous confie à un bien sensuel voyage, relevé d’une pointe d’acidité ou d’amertume, imitant le breuvage à la saveur brûlante, dont on a vanté depuis l’apparition, en Arabie, au XVème siècle, les vertus excitantes. C’est grâce à lui que Balzac ou Proust ont pu venir à bout de leur oeuvre, que Voltaire trouve l’énergie de pourfendre les imbéciles, que des formes de sociabilité nouvelles se développent de l’Orient jusqu’à l’Europe, populaires, artistiques, littéraires, politiques, au point, si l’on en croit Michelet, de voir dans le café l’une des causes de la Révolution française! On parcourt ainsi les étapes d’un voyage mythique: avec Nerval, la volupté des cafés du Caire où de jeunes hommes travestis ont remplacé au grand dam du poète romantique les danseuses orientales; avec Loti, à Istanbul; à Venise, au Florian, avec Henry James, qui m’a rappelé le plaisir que j’avais pris à lire ses souvenirs de voyages. Stefan Zweig nous donne le prétexte d’une étape à Vienne. Et Dezsö Kostolányi, contemporain de Zweig que je découvre à l’occasion, m’a donné envie d’aller profiter des cafés de Budapest.
Alors, café turc ou espresso? Grand crème? Petit noir? Café viennois et viennoiseries? Jus? Mazagran? Et de quelle origine: Pérou? Nicaragua? Porto-Rico? A moins que vous ne préfériez les plus subtils Moka ou Jamaïque? A siroter, comme sur la couverture, accompagné d’un bon livre!
2 réflexions sur « Le goût du café »
@Nanne: le goût du thé m’a semblé aussi très bien. Cela me donne d’ailleurs l’idée d’un billet, sur ces boissons qui nous accompagnent quand nous lisons et les endroits où nous aimons lire et les siroter.
J’apprécie énormément cette série éditée au Mercure de France (si je ne me trompe pas !) et qui nous fait voyager dans les plus belles villes du monde ! Si, en plus, ils décident d’élargir la gamme avec le chocolat, le thé ou le café, je fonds de bonheur … Et même si je n’aime pas le café à boire, j’apprécie de visiter les lieux où l’on peut le déguster !