James Oliver CURWOOD: Le Grizzly

James Oliver CURWOOD: Le Grizzly

Jim et Bruce sont deux hommes, qui, depuis plusieurs mois, pistent le gros gibier dans les montagnes Rocheuses canadiennes encore sauvages en ce début de XXème siècle. Leur rencontre avec Thor, un Grizzly, le plus grand qu’ils n’aient jamais vu, va réveiller chez les deux compagnons le plaisir de la chasse et confronter l’ours géant, pour la première fois, à la crainte d’une créature dont il découvre le pouvoir de nuisance. Entre montagne et forêts et jusqu’au fond de la vallée où coule la rivière la traque s’organise. Jusqu’où le grizzly pourra-t-il fuir devant la progression des hommes?

Je retrouve avec ce roman de James Oliver Curwood l’univers du grand nord côtoyé l’an passé avec les romans de Jack London. Si je continue comme cela, je crois que cette fin novembre et ce début de décembre  vont finir par devenir un rendez-vous obligé! J’ai en tout cas bien envie de replonger cette année dans d’autres romans de Curwood, dont je gardais le souvenir, de l’enfance, ou de l’adolescence, de beaux récits animaliers, que j’aimais même plus à l’époque que ceux de London. On compare souvent les deux auteurs, sans doute parce qu’ils ont écrit l’un et l’autre des romans mettant en scène des animaux et se passant au Nord, quoique le rapprochement, me semble-t-il aujourd’hui, ne soit pas si pertinent. A un London réaliste, cru dans sa vision d’une nature qui n’est pas un doux refuge, mais un désert de sauvagerie, révélant aussi celle des hommes, quand ce n’est pas leur bêtise, leur mesquinerie, une nature qui ploie d’abord les corps, gèle les membres, tord les plus endurants des caractères, Curwood oppose la vision poétique, souvent lyrique d’espaces dominés par une vie animale où l’homme doit apprendre à trouver sa place. Pour ce qu’il fait subir au roman d’aventures, pour ce précieux travail de dynamitage des codes et des valeurs charriés par une certaine façon de se représenter l’aventure (celle dont on rêvait sans doute dans les salons de New-York, de Baltimore ou de Boston), je préfère aujourd’hui London. Mais j’ai passé un très agréable moment avec ce roman de Curwood, qui donne en tout cas une furieuse envie de se plonger dans les paysages qui servent de cadre à son histoire.

La narration, elle-même originale, déroule le récit selon un double point de vue, des hommes et des animaux. Jim est un aventurier, qui consacre ses hivers à écrire sur les grandes courses dans la nature qu’il accomplit l’été. Il a beaucoup chassé naguère, même si le goût s’en estompe un peu aujourd’hui. Bruce, son guide et ami, est un chasseur émérite. Secondés par Metoosin, un indien, et un troupe de chiens, ils font la traque à l’ours, qui va se révéler le plus coriace des adversaires. Car Thor, l’ours géant, qui règne sur deux vallées et un domaine de plusieurs dizaines de kilomètres carrés est un seigneur dans son genre. Chasseur redoutable, c’est un animal, à sa manière, paisible et magnanime. Sa rencontre avec Muskwa, un ourson orphelin de quelques mois, en contrepoint du récit principal, donne à l’histoire ce ton de camaraderie animale qui explique que Curwood soit un de ces auteurs qu’on aime lire dans l’enfance. Édifiant à sa manière, le roman est aussi le récit d’une conversion, mieux: d’une double conversion. Celle de Jim qui, après sa rencontre avec l’ours, qui se détourne de lui plutôt que de l’attaquer, apprend à sublimer ses pulsions de chasseurs, découvre un autre rapport possible avec la nature; celle de Thor à l’amitié naissante avec Muskwa, l’ourson orphelin qu’il recueille.

3 réflexions sur « James Oliver CURWOOD: Le Grizzly »

  1. ah la belle idée de lecture, j’ai croisé l’auteur chez beaucoup d’écrivains qui parlaient de leur plaisir à le lire mais hélas on ne m’a jamais offert ses livres dans l’enfance, sûrement qu’à l’époque on estimait que ce n’était pas pour les filles 🙂
    je vais tâcher de le trouver d’occasion

  2. Oh! Un des auteurs préférés de mon enfance : les chasseurs de loups, les chasseurs d’or, Bari Chien Loup, Kazan, Nomades du nord.. Je les ai tous lus et tu me donnes envie de les relire. Moi aussi j’aimais London mais je préférais Curwood à l’époque, certainement parce que sa vision de l’homme et de la nature est plus optimiste que celle de London.

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