Elizabeth VON ARNIM: Avril enchanté

Elizabeth VON ARNIM: Avril enchanté

Dans le Londres pluvieux du mois de mars, une annonce vient éveiller la curiosité de deux jeunes femmes, Mrs Wilkins et Mrs Arbuthnot, qui fréquentent le même club, mais ne se connaissent pas: un château à louer sur la côte ligure, en Italie. Sur une impulsion, elles décident de prendre sur leurs économies et de s’offrir des vacances. Bientôt, pour rentabiliser l’entreprise, elles s’adjoignent lady Caroline et Mrs Fischer, choisies par le biais d’une annonce. Avec le premier avril, les vacances commencent, un mois de séjour en Italie. C’est cette équipe hétéroclite qui débarque dans le lieu enchanteur de San Salvatore.

 

C’est un des livres les plus drôles que j’ai lu, quelque chose dans le goût de la comédie hollywoodienne des années 30, avec un petit air de Forster et une pincée de Jane Austen en plus. On y lit au passage une très belle évocation de l’Italie et des sentiments qu’elle crée chez le visiteur, cette impression de familiarité immédiate, d’évidence donnée, de retour à soi-même… qui frappe évidemment moins le personnel “autochtone” que nos touristes anglaises.

 

Chacune a ses raisons de quitter la vie londonienne. L’impulsive Lotty Wilkins se lasse de sa vie réglée auprès d’un mari qui ne l’estime plus. Rose Arbuthnot, à force de vivre dans une conception étriquée de la religion, s’est éloignée du sien, qui publie des romans “légers” sous un pseudonyme. Lady Caroline qui aspire à fuir la malédiction de son extraordinaire beauté et ses admirateurs, voudrait pendant un moment qu’on l’oublie. Mrs Fischer cherche un lieu où cultiver le souvenir de ses chers Grands Victoriens disparus. C’est compter sans la magie de San Salvatore. Ce qui n’était au départ que des vacances, un coup de canif pratiqué dans le cours de la vie, va bientôt transformer en profondeur chacun des personnages.

 

Le beau contrepoint des descriptions des jardins ainsi que l’amour à quoi chacune, d’une manière ou d’une autre, est ramenée, définissent le décor enchanteur, mais jamais mièvre, du roman. Car si le texte est limpide, l’ambiance à la comédie légère, un art consommé de la narration confère une véritable profondeur à ce texte: l’exploration psychologique des personnages, l’ironie, les malentendus procèdent d’une technique du point de vue, qui sait faire oublier qu’il est savant, au profit de l’efficacité (et du comique) du récit.

 

La course à la meilleure chambre du château, les malheurs de Lady Caroline, qui ne trouve pas le moyen de rester seule, l’extase de ses admirateurs, la confrontation de l’impulsive Lotty et de Mrs Fischer, toute en raideur victorienne, la scène de la chaudière qui explose et le magnifique malentendu de la fin sur l’identité du mari de Rose sont parmi les grands moments d’un comique qui culmine dans la franche bonne humeur des dernières pages à la manière des meilleurs Boulevards.

 

> Bibliographie d’Elizabeth von Arnim

9 réflexions sur « Elizabeth VON ARNIM: Avril enchanté »

  1. @Lilly: Je découvre qu’il y aurait de quoi créer un club des fans d’Elizabeth von Arnim, une sorte de von Arnim – Addicts. Il faudra que je pense au logo! Je suis en train d’achever
    Christopher et Colombus que tu connais peut-être. J’ai commandé Vera que j’attends avec impatience.

  2. Sympa ! Je ne voyais pas cette autrice comme “comique”, à lire donc dans un avenir indéterminé (mais plus de programmes, plus de challenges, la liberté totale pour 2010 !. 🙂

  3. @ Canthilde: Avril enchanté est franchement comique, et j’en conseille la lecture un peu partout autour de moi en ce moment. C’est à la fois drôle, lumineux, et assez profond
    aussi. Quant aux challenges, après une année 2009 où je suis resté très raisonable (rien en dehors du blogoclub de lecture), voilà que je viens de m’inscrire au troisième déjà. Mais c’est une
    forme de liberté aussi: il n’y arien dans ce listes qu je ne soit sûr de lire déjà.

  4. Je ne connais pas “Christopher et Colombus”, je vais surveiller ton billet! Je suis en train de lire “Rebecca” et j’enchaîne avec “Vera” car Il semble que Daphné du Maurier s’est inspirée de
    Elizabeth Von Arnim.

  5. @ Titine: je viens de commander Vera sur Priceminister (la quasi-totalité des von Arnim est introuvable aujourd’hui en librairie), et mon billet ne devrait pas tarder à suivre.
    J’attends le tien avec impatience.

  6. J’ai adoré ce livre! C’est avec lui que j’ai découvert Von Arnim et après, j’en ai lu d’autres! Je compte bien tout lire d’elle, ses livres sont vraiment bien!

  7. @Allie: J’ai remarqué ton commentaire très pertinent du roman, en cherchant ce que d’autres blogueurs avaient pu en écrire. Je découvre moi aussi Elizabeth von Arnim avec ce roman, et je
    compte bien aussi lire tous les autres.

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