Une épidémie de peste vient de s’abattre sur Londres! C’est la fermeture annoncée des théâtres. Pour survivre, les troupes sont obligées de quitter la ville. Attendus à York, à l’auberge Jérusalem, les Westfield’s Men comptent bien profiter des étapes du voyage pour donner des représentations de leurs meilleurs succès. Mais quels sont donc ces hommes qui, les précèdant, se font passer pour eux et qui les dépouillent systematiquement de leurs pièces ? Parmi les Westfield’s Men, l’humeur est électrique. Un traître se serait-il glissé dans la troupe?
La recette de ce troisième volume des Enquêtes de Nicholas Bracewell est semblable à celle des volumes précédents: une intrigue qui, sans être extraordinaire, porte bien l’action; une pincée de contexte historique; le tout arrosé d’une bonne lampée de théâtre élisabethain. On ne change pas une recette qui marche! L’intrigue est certes un peu répétitive d’épisode en épisode: une fois de plus, les Hommes de Westfield doivent affronter une sombre machination visant à saboter leurs représentations: à peine remis de l’épisode des démons qui avait bien failli avoir la peau de la troupe, ce sont à présent les hommes de Banbury, leurs grands rivaux, qui n’hésitent pas à leur voler leurs pièces… et le succès escompté.
Mais le plus intéressant est, encore une fois, dans le contexte historique et le portrait de la vie d’une troupe de comédiens à la grande époque du théâtre élisabéthain. L’épidémie de peste londonienne (qui ouvre le roman), les soubressauts du conflit entre catholiques et protestants en train de tourner à une véritable chasse aux catholiques de la part du pouvoir en place qui les suspecte de vouloir faire assassiner la reine, la présence dans le paysage de véritables illuminés religieux (contée ici avec humour à travers un personnage haut en couleur) constituent autant d’intrigues secondaires. La rivalité entre troupes, les nécessités économiques qui poussent chacune, lors des épidémies de peste frappant Londres, à se remettre en chemin et à renouer avec une forme de théâtre itinérant pour survivre documentent une fois de plus la question du théâtre élisabéthain à quoi la série policière sert de prétexte.