Décembre 25 – Escapades européennes: contes et contes de fées.

Publié par Cléanthe le

En décembre, les Escapades en Europe ont pris des allures de veillée autour du feu: un petit cercle, mais des histoires qui tiennent chaud, une escapade à l’écoute des contes et contes de fées. Car il faut bien le reconnaître: à l’approche de Noël, il semble que certains lecteurs soient happés par les listes de cadeaux, les biscuits à la cannelle et les guirlandes lumineuses, tandis que d’autres rêvent surtout de fuir Noël à toutes jambes, vers une île déserte ou un roman très sombre! Résultat: une participation plus réduite que d’ordinaire — mais moins nombreux ne veut pas dire moins inspirés.



Cléanthe – récits au fil de la route

Pour ma part, j’avais embarqué avec Wilhelm Hauff et La Caravane, ce recueil de contes enchâssés où des voyageurs, arrêtés dans le désert, se racontent des histoires pour conjurer l’ennui, la peur et la menace des brigands. À la manière des Mille et une nuits, Hauff mêle fées, métamorphoses, navires maudits et ambitions déçues, dans une prose à la fois ironique, sombre et merveilleusement vivante. Un livre qui rappelle que le conte n’est jamais seulement un divertissement pour enfants, mais aussi un laboratoire narratif, moral et parfois cruel.


Pativore – Noël et Jour de l’an entre rédemption et nuit glacée

Autour de cette caravane modeste mais enthousiaste, les lectures ont dessiné un très bel éventail du conte européen, dans ses registres les plus contrastés. Chez PatiVore, les fêtes de fin d’année ont pris la forme d’un face-à-face entre deux grands récits hivernaux: Un chant de Noël de Dickens et La Petite fille aux allumettes d’Andersen. D’un côté, la conversion spectaculaire de Scrooge, la chaleur retrouvée, la communauté réparée; de l’autre, une fable d’une cruauté silencieuse, où la lumière n’est qu’un mirage avant l’extinction. Deux manières opposées, mais complémentaires, de penser les Fêtes — entre promesse de rédemption et mélancolie sans consolation.


Keisha – démonter le merveilleux: le conte à rebours version BD

Keisha, quant à elle, a pris le conte à rebours en s’attaquant à ses mécanismes mêmes, à travers la bande dessinée de Lou Lubie, Et à la fin ils meurent. Avec humour et esprit critique, cette lecture démonte les ressorts narratifs, les illusions de la morale heureuse et les attendus genrés du conte traditionnel. Une manière salutaire de rappeler que le merveilleux est aussi une construction culturelle, que l’on peut interroger, détourner et faire parler autrement.


Tullia – Légendes populaires allemandes

Enfin, Tullia a choisi de revenir aux sources avec un recueil de légendes populaires allemandes (en VO), Die schönsten deutschen Volkssagen de Marjana Gaponenko. Ici, point de féerie édulcorée, mais des récits enracinés dans les paysages, les peurs et les croyances collectives. Ces légendes, souvent sombres, parfois abruptes, rappellent que le conte naît d’abord d’une mémoire orale et d’un rapport très concret au monde — bien loin des versions policées que l’on associe parfois au genre.


Sur des chemins finalement très différents, ces lectures ont donné au mois de décembre une richesse inattendue: du conte de Noël le plus canonique à sa déconstruction contemporaine, jusqu’à ses formes archaïques et populaires. Une petite assemblée, certes, mais parfaitement accordée à l’esprit des Escapades. Un grand merci à Pativore, Keisha et Tullia qui m’ont accompagné pour cette nouvelle étape!



Après cette veillée de contes, les Escapades en Europe mettront le cap, en janvier, vers une ville-carrefour: Istanbul, aux confins de l’Europe. Place à une métropole réelle, stratifiée, traversée de siècles d’histoire, où se croisent Orient et Occident, mémoire impériale et modernité inquiète. Une escale idéale pour ouvrir l’année, tant Istanbul oblige à déplacer le regard, à brouiller les frontières trop nettes, et à repenser ce que l’on entend par «Europe». Rendez-vous en janvier pour cette nouvelle traversée — sur le Bosphore cette fois, plutôt qu’au coin du feu.


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