La passion de l’Alpe
Il y aurait tout un billet sans doute à écrire sur les livres et les lieux où on les lit. Livres de bibliothèque, d’étude et de travail, annotés au bureau, ou, comme je le fais le plus souvent, à la table d’un café, livres de chevets, poursuivis, plus tard qu’il n’est raisonnable, à la lumière de la lampe, livres d’un week-end, de vacances, livres d’enfances retrouvés dans la bibliothèque familiale ou au hasard d’une virée en bouquinerie. Tous ont leur place, leur lieu, leur temps.
Depuis quinze jours que je suis ici, la passion des sommets ne me quitte plus! C’est dans les Alpes bavaroises, en effet, à deux pas de la frontière autrichienne, que j’ai pris cette année mes quartiers d’été. J’y ai transporté, comme chaque année, une partie de ma bibliothèque, mais en faisant, une fois n’est pas coutume, en entorse à l’habitude qui veut que je ne lise jamais de livres en rapport avec les lieux où je suis. J’ai adoré lire Stendhal dans le Morvan, Dostoïevski en Bretagne, Keats et Shelley en Vénétie. Mes étés en Allemagne sont habituellement le lieu où j’aime me replonger dans un George Sand ou un Dumas. Mais j’ai beaucoup aimé aussi y lire (y relire), d’affilée, plusieurs romans d’Henry James, que j’y avais emportés. Il se crée alors des rencontres parfois surprenantes entre les lieux et les histoires. Mais quoi d’étonnant, puisque, où qu’on aille, c’est toujours soi qu’on y transporte.
Mais cet été, la passion de l’Alpe m’a pris. Et je me surprends, depuis deux semaines que j’y suis, à ne quitter des yeux ces belles montagnes que pour me plonger dans des livres en rapport avec les montagnes: un beau livre sur le voyage dans les Alpes, un peu de gastronomie alpine, un classique suisse de la littérature de jeunesse. Si j’ai bien sacrifié à ma passion estivale pour Dumas, c’est parce que je suis tombé sur un roman peu connu, Le Trou de l’enfer, qui a le bon goût de commencer, sinon dans les Alpes, du moins dans l’Odenwald, un massif de moyennes montagnes situé entre Francfort, Heidelberg et Wurzburg. C’est ce qu’on appelle, je crois, la passion des sommets!
4 commentaires
Mior · 15 août 2015 à 23 h 24 min
…à chacun ses plaisirs, pour ma part je lis (souvent) en rapport avec mes lieux de voyage , je trouverais un peu snob – ou très raffiné ?- de faire l’inverse 😉
Une partie de ta bibliothèque ? Là tu me fais (presque)peur , sachant le nombre de volumes que tu annonces dans celle-ci :-))
Bonnes lectures dans les alpages , quoiqu’il en soit !
Cleanthe · 17 août 2015 à 9 h 01 min
Ce que tu dis m’éclaire. Serais-je snob alors, ou seulement raffiné ? C’est curieux, moi, c’est justement le contraire que je trouve un peu snob: lire en rapport avec le lieu où l’on est. Mais c’est peut-être cela le snobisme justement : agir sans se rendre compte qu’on l’est. 🙂 Pour ma bibliothèque, je te rassure. Je charrie bien chaque été quelques kilos de livres. Mais depuis l’invention des liseuses, je suis aux anges: je peut emmener avec moi un bon millier de livres, sans plus avoir à me soucier du difficile choix à faire avant. Car, curieusement, c’est toujours le livre que je n’ai pas pensé à emporter que j’ai une furieuse envie de lire.
Hélène · 26 août 2015 à 8 h 35 min
Comme toi j’ai la passion des sommets,je suis preneuse de titres !
Cleanthe · 28 août 2015 à 23 h 58 min
Je suis, enfin, de retour des sommets 🙂 ! Il ne me reste plus qu’à mettre à jour à présent les billets en retard. J’espère que tu y trouveras des titres qui te plairont…