Alexandre DUMAS: Le Collier de la reine

Alexandre DUMAS: Le Collier de la reine

Le-Collier-de-la-reine.jpgMarie-Antoinette fait tourner la tête des hommes qui l’approchent: Olivier de Charny, Philippe de Taverney, le cardinal de Rohan sont tous trois amoureux de la reine. Mais les temps sont-ils encore aux grandes dépenses et aux éblouissements de l’astre royal? Les finances du royaume vont mal. Il y a quelque chose d’un peu bourgeois, presque de trop humain dans la figure du roi Louis XVI. Et Marie-Antoinette est d’abord elle-même une femme comme les autres. Un collier somptueux est présenté à la reine. Jeanne de La Motte, héritière des Valois, appelée auprès de la souveraine, malgré la suspicion du roi à l’égard de cette ambitieuse que la reine a sorti de la misère, va être la pièce maîtresse d’une manipulation visant Marie-Antoinette et le cardinal de Rohan…


Ce deuxième volet des Mémoires d’un médecin est sans doute aucun l’une des meilleures réussites de Dumas. La course de Marie-Antoinette et d’Andrée de Taverney à travers un Paris où l’on entend percer la rumeur de l’exaspération populaire, la rencontre avec Olivier de Charny, la partie de traineau sur les pièces d’eau gelées des jardins de Versailles, le court roman dans le roman mettant en scène une troupe de truands qui ont investi l’ambassade du Portugal sont des moments particulièrement réussis. L’ampleur de la narration, le talent à mêlé les intrigues romanesques sont patents.


Venant à la suite de Joseph Balsamo, dont il poursuit l’action dix ans plus tard, Le Collier de la reine nous donne à reconnaître quelques uns des personnages du précédent roman: Nicole Legay, sosie de la reine, les Taverney, le cardinal de Rohan, le roi Louis XVI et Marie-Antoinette, ainsi que Joseph Balsamo qui, sous le nom de comte de Cagliostro poursuit son travail de sape contre la monarchie. Mais l’éclairage a changé: le peuple, qui était le héros inconscient du roman précédent, est rejeté ici dans les marges d’un récit, dont il est cependant pour ainsi dire la condition de possibilité. L’Affaire du collier est une sorte de fable historique qui montre la faillite de la monarchie plus qu’elle n’en explicite le mécanisme. Il serait intéressant de ce point de vue de comparer la prophétie de Cagliostro, au début de ce volume, faite à l’occasion d’un diner qui réunit dans l’intimité d’une salle à manger les principaux acteurs de Joseph Balsamo, avec celle, d’une toute autre ampleur, qui ouvrait le premier roman du cycle. Ce recentrage sur des actions individuelles, la priorité donnée ici aux personnages sur les grands mouvements de foule est peut-être la véritable leçon historique du roman: si la monarchie est en faillite, c’est parce que l’essentiel se joue ailleurs, en dehors du cadre de la narration, dans l’opposition entre un peuple, exaspéré, et une aristocratie jalouse de ses privilèges. En tampon entre ces deux forces, le roi et la reine offrent le visage de personnalités qui sont menées par les événements. On sait que les actions privées des princes sont toujours des actes publics. Mais quand l’histoire se retourne contre l’institution monarchique, la faiblesse même d’un roi ou d’une reine, qui devraient être des preuves de l’humanité des princes, devient le signe qu’il faut abattre la monarchie.



Alexandre DUMAS, Le Collier de la reine, édition électronique (lien: ici)

One thought on “Alexandre DUMAS: Le Collier de la reine

  1. Tu as l’air de bien connaitre Dumas. Je ne serais pas capable de distinguer entre Marquet et lui. Je n’ai pas lu le roman mais vu des adaptations cinématographiques plus ou moins réussies.

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