Christopher PRIEST: Une femme sans histoires

Christopher PRIEST: Une femme sans histoires

Attention, récit piégé! Il y a plusieurs entrées possibles dans ce livre. Et d’abord, l’histoire elle-même. Première version: Alice Stockton, écrivain spécialisée dans les histoires vraies de femmes est venue s’installer, après son divorce, dans un petit village du sud de l’Angleterre. Cherchant le calme pour écrire, la jeune femme noue des relations d’amitié avec l’une de ses voisines, son aînée, Eleanor. Après la mort de celle-ci, Alice va essayer de recomposer le puzzle de sa vie. Mais qui peut dire ce qui se cache derrière le masque d’une existence sans histoires?… Deuxième version: pour des raisons qu’elle ignore, Alice a vu saisir son livre par le ministère de l’Intérieur, et sa voisine, Eleanor, a été retrouvée assassinée. Alice, qui se débat avec des problèmes de santé dus aux radiations qui ont contaminé le sud de l’Angleterre à la suite d’un accident nucléaire français, cherche en vain à retrouver son livre… Troisième version: quelle importance donner dans tout cela aux étranges comportements de Gordon Sinclair, qui se présente comme le fils d’Eleanor? Et ces récits de soucoupes volantes ou de violence sont-ils le réel ou le produit du regard halluciné de Gordon?

 

L’image qui me vient à l’esprit quand je repense à ce roman est celle du puzzle. Le puzzle de la vie d’Eleanor, qui tente de se reconstruire après une séparation sentimentale, cependant que son corps, sous les effets de la radiation, la lâche, est à l’image du puzzle que constitue le roman. L’idée astucieuse de Christopher Priest est que jamais le lecteur n’est en mesure de savoir quel est le statut du livre qu’il a sous les yeux. Ce qui pourrait sembler être un roman réaliste, dans le goût de ces romans de la campagne anglaise, est-il un récit d’espionnage? un roman de science-fiction? un roman fantastique? La réponse à cette question est importante car elle détermine la compréhension que nous avons des faits.

 

Cela faisait un moment que j’avais envie de lire un roman de cet auteur. Et franchement, l’idée du livre, telle que je l’expose, avait tout pour me séduire. Malheureusement, je n’ai pas trouvé la réalisation à la hauteur de l’enjeu. L’écriture un peu froide, objective, qui caractérise bien des productions britanniques contemporaines, même de premier plan (le prix Nobel Doris Lessing), ne m’a pas semblé bien convenir à ce qui se présente d’abord, même si c’est discrètement, comme un récit de science-fiction. Et l’idée elle-même du livre ne se découvre vraiment qu’après-coup, quand, en réfléchissant à ce qu’on vient de lire, on essaye de surmonter la première impression, peu enthousiaste, que donne la lecture du roman.

 

4 réflexions sur « Christopher PRIEST: Une femme sans histoires »

  1. J’ai beaucoup aimé Le Prestige. J’ai aussi un autre titre connu de l’auteur sur ma Pal. Je n’avais jamais entendu parler de ce titre par contre.

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