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Category: Extraits et citations

Onde serpentine

Onde serpentine

Debout sur le pont de pierre, je me suis penché au-dessus de l’eau noire qui se faufilait à travers les pierres. D’habitude, c’est un joli cours d’eau, peu profond, trois pouces à peine au-dessus de la cheville, qu’on ne se lasse pas de regarder, avec ses herbes qui ondulent mollement, mais aujourd’hui le fond même est trouble. Du fond de l’eau jaillit la boue, d’entre les nuages la pluie frappe, les spirales d’eau se chevauchent et fendent le lit de…

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Mondscheinsonate

Mondscheinsonate

La lune était haute et éclairait les vastes bas-fonds, où l’eau de la marée montante commençait à passer sur la vase étincelante. Seul le léger bruit de l’eau ; aucun cri d’animal ne se faisait entendre dans cet immense espace; dans le marais aussi, derrière la digue, tout était vide ; les vaches et les boeufs étaient encore tous dans les étables. Rien ne bougeait ; seulement, ce qu’ils prenaient pour un cheval blanc semblait remuer encore là-bas, à Jevershallig….

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Ce n’est pas dans les musées qu’il faut chercher des raisons d’espérer

Ce n’est pas dans les musées qu’il faut chercher des raisons d’espérer

Ce qui compte, c’est la vérité. Et j’appelle vérité tout ce qui continue. Il y a un enseignement subtil à penser qu’à cet égard, seuls les peintres peuvent apaiser notre faim. C’est qu’ils ont le privilège de se faire les romanciers du corps. C’est qu’ils travaillent dans cette manière magnifique et futile qui s’appelle le présent. Et le présent se figure toujours dans un geste. Ils ne peignent pas un sourire ou une fugitive pudeur, regret ou attente, mais un…

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Le vent à Djémila

Le vent à Djémila

Je parlais hier de mon goût pour les relectures et les réflexions qu’elles suscitent. On ne lit pas un texte pareil à 20, à 40 et à 60 ans, c’est un truisme. Mais l’important est ce qu’on y trouve au miroitement des différentes expériences de la vie. Contrepoint à mes réflexions d’hier autour de l’idéal du bonheur et du sens tragique de l’existence, j’ai trouvé en continuant ma relecture des Noces de Camus cette belle page, qui est un peu…

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Relire “Noces à Tipasa”

Relire “Noces à Tipasa”

Lire et relire un texte. Ceux qui fréquentent régulièrement mon blog savent que c’est une de mes préoccupations récurrentes: ces lectures différentes qu’ont fait à plusieurs années de distance d’un même texte. Simple miroir de notre évolution personnelle? Ou plus sérieusement révélation de ces multiples niveaux de lecture d’un grand texte qu’il faut toute une vie pour pouvoir déployer – et une seule vie peut-être n’y suffit pas? Je relis en ce moment Noces de Camus. Et quelques pages à…

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Rêve d’amour

Rêve d’amour

“La haine doit être rare ici.– La haine s’acharne ici comme partout où la passion anime, mais taisons-nous. Je te désire, durant le séjour que tu viens faire au château, une bonne petite intrigue, bien complète, dont tu puisses lire tous les chapitres. – Et tu m’en diras des nouvelles. – Tu es sceptique. – Tu n’es qu’un rêveur. Ah! Laisse-moi rêver, laisse-moi vivre; je veux croire à l’Amour comme je crois à l’amitié. Laisse mon âme aller, haute et…

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Heimatverlust

Heimatverlust

“Au-dessus des verres que nous vidions gaiement, la mort invisible croisait déjà ses mains décharnées. Nous lancions des jurons joyeux, des blasphèmes étourdis, tandis que, chargé d’ans, solitaire, pour ainsi dire figé, lointain et pourtant proche de nous, partout présent dans son empire vaste et divers, vivait François-Joseph, notre vieil empereur. Peut-être, quelque part dans les replis secrets de notre âme, ces certitudes que nous appelons pressentiments sommeillaient-elles. La certitude surtout que notre vieil empereur mourait un peu avec chacun…

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Le mystère du café

Le mystère du café

“Certains breuvages présentent cette particularité qu’ils perdent leur saveur, leur goût, leur raison d’être, quand on boit autre part que dans les cafés. Chez un ami, chez soi, ils deviennent apocryphes, comme grossiers, presque choquants. Tels les apéritifs. Tout homme – s’il n’est alcoolique – comprend qu’une absinthe, préparée dans une salle à manger, est sans plaisir pour la bouche, malséante et vide. Enlevés de leur nécessaire milieu, les dérivés de l’absinthe et de l’orange, les vermouths et les bitters…

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