George ORWELL: La Ferme des animaux

George ORWELL: La Ferme des animaux

Orwell (George), La Ferme des animauxA la ferme du manoir, un soir, les animaux sont conviés à entendre une conférence de Sage l’Ancien. Le vieux cochon a fait un rêve : celui d’une société rendue aux animaux, une société où il serait donné à chacun de vivre selon ses besoins et travailler selon ses capacités, où vaches, cochons et poulets n’auraient plus à subir la dure loi de l’Homme. Mais n’est-ce qu’un rêve ? Bientôt, poussés par la faim, les bêtes se révoltent. La Révolution éclate. M.Jones et ses ouvriers sont chassés de l’exploitation par les animaux qui, conformément aux principes de Sage l’Ancien, la rebaptisent Ferme des Animaux

 

Prenant au pied de la lettre l’idée de fable politique, George Orwell, dans La ferme des animaux, transpose à une société de bêtes l’histoire du socialisme révolutionnaire. J’ai toujours particulièrement goûté le genre de l’apologue animalier par ce qu’il laisse apparaître de proximité entre les hommes et les bêtes. Et c’est ainsi que l’entend George Orwell. Comme chez La Fontaine, si les animaux d’Orwell réussissent si bien à incarner des comportements humains, s’il y a tant de ressemblance entre les comportements de ses animaux et ceux des hommes qu’ils représentent, c’est parce que l’homme est lui-même un animal et que dans la plupart de ses actions, croyant faire l’homme, il fait la bête. Napoléon, Boule de neige, Brille-Babil, trois gorets qui se distinguent de la foule des animaux et sont les leaders de l’action révolutionnaire ; Malabar, le cheval loyal et courageux ; Lubie, la jument qui ne sait renoncer au luxe ; Benjamin, le vieil âne sceptique ; les moutons, troupeau servile et candide ; les chiens dévoués aux commandements de Napoléon ; les poules, vile piétaille soumise également sous le gouvernement des hommes et sous celui des animaux – c’est donc tout un bestiaire, dans lequel on reconnaît aisément quelques unes des figures de l’histoire révolutionnaire : Staline, Trotsky, Jdanov, Stakhanov, etc. La fin de l’histoire (les gorets transformés en hommes reproduisant les inégalités auxquelles les animaux avaient voulu mettre un terme en se dissimulant derrière la rhétorique de l’efficacité révolutionnaire) indique justement que la clef en est sans doute dans la lutte sans merci pour la domination d’autrui, qui est la condition partagée des hommes et des animaux. En toute situation, il y a des individus qui cherchent à profiter du nouvel état de fait et à tirer avantage de leur position. Voilà la belle leçon politique que nous dispensent les animaux de George Orwell.

 

 

Une adaptation de ce roman est visible au Festival OFF d’Avignon

à l’Espace Saint Martial du 8 au 31 juillet 2013 à 15h05

La Birba Cie

Avec : Gilbert Ponté

Mise en scène : Joe Sheridan

Adaptation : Alain Julien Brunel

 

Seul sur scène, et sans décor, Gilbert Ponté incarne successivement, et de manière très crédible, les différents animaux du roman de George Orwell. Une véritable performance. C’est à la fois très drôle et une intelligente illustration du genre de l’apologue politique. Un beau moment de théâtre.


4 réflexions sur « George ORWELL: La Ferme des animaux »

  1. @Maggie: c’est un de mes genres préférés, et je tiens Les Fables de La Fontaine pour l’un des plus grands livres de la littérature.

  2. Je me rappelle l’avoir lu au lycée, ce n’est pas mon préféré d’Orwell, j’ai une nette préférence pour “1984” plus réaliste (même pour de la science fiction). J’aime beaucoup les apologues et le
    rapprochement le comportement des animaux et des hommes qui y es mené. Après tout pour une critique politique,choisir des animaux pour symboliser une société n’est pas si étrange si Orwell a suivit
    à la lettre l’expression d’Aristote qui veut que l’homme soit “un animal politique”. Ressortir sa part d’animalité pour mieux souligner les dérives d’une société politique, c’est pas mal. Dommage
    que je ne sois pas du coté d’Avignon, j’aurais beaucoup aimé voir son adaptation au théâtre.

  3. @Alexandra: c’est une adaptation très réussie, portée par le jeu remarquable d’un comédien qui incarne avec justesse les différents personnages animaux, et qui joue avec une
    forme d’animalité du corps humain – jusqu’à la transformation finale des cochons en homme, qui lui permet paradoxalement de réinvestir son corps d’homme.

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