Notre dame (Valérie Donzelli)

Notre dame (Valérie Donzelli)

“Maud Crayon, est née dans les Vosges mais vit à Paris. Elle est architecte, mère de deux enfants, et remporte sur un énorme malentendu le grand concours lancé par la mairie de Paris pour réaménager le parvis de Notre-Dame… Entre cette nouvelle responsabilité, un amour de jeunesse qui resurgit subitement et le père de ses enfants qu’elle n’arrive pas à quitter complètement, Maud Crayon va vivre une tempête. Une tempête, qu’elle devra affronter pour s’affirmer et se libérer.”

Que voilà une jolie comédie pour finir l’année! Sur un thème convenu (une mère de famille débordée par la vie, partagée entre son métier, sa vie amoureuse un peu compliquée et la difficulté tout simplement à conduire son destin), Valérie Donzelli a fini par réaliser une merveille de délicatesse qui rend le cœur léger (n’est-ce pas d’abord ce qu’on demande à ce genre de comédies?) et un petit bijou cinématographique.

Il y a en effet quelque chose d’un peu bricolé dans le monde de Valérie Donzelli, à l’image de nos vies modernes. Alors peut-être faut-il prendre le temps pour entrer dans ce monde, à l’image de la maquette improbable que bricole Maud Crayon avec presque rien, mais qui finit, à la faveur d’un coup du destin improbable, par emporter la faveur d’une maire de Paris plus vraie que nature en vue des travaux de réaménagement du parvis de Notre-Dame. Un bricolage d’où jaillit une réelle poésie, celle de la fragilité de nos existences, que l’amour complique parfois, mais qu’il rend supportable. Film de femme, Notre dame offre ainsi un beau portrait de femme, entre reconstruction sentimentale, effort pour s’affirmer professionnellement dans un monde dominé par les rapports “couillus”, une nouvelle maternité et un ancien amour qui déboule dans sa vie mais avec la promesse peut-être de construire enfin quelque chose de nouveau, à la hauteur des ambitions de bonheur et d’émancipation.

Cinématographiquement, cela se traduit par un joli ballet de situations et de références, quelque chose de presque dansé dans l’art de transformer les débordements d’une vie stressante en un enchaînement de situations réjouissantes. On joue sa vie dans le cinéma de Valérie Donzelli, avec tout ce que cela offre à la fois d’engagement sérieux et de divertissement, comme la réalisatrice elle-même joue avec aisance avec la caméra. On s’amuse d’images, de plans, de situations venus parfois d’autres films. On prend le courage de se quitter en chanson, comme dans un film de Christophe Honoré. Le corps s’offre dans tous ses états (ce beau moment de l’échographie où Maud Crayon voit battre le cœur du bébé qu’elle porte et l’accueille à la vie, le ballet des mains qui se cherchent, des doigts qui se touchent, la nudité désopilante de l’ex-compagnon de Maud Crayon qui s’invite régulièrement chez elle… et jusque dans son lit, mais aussi le corps maltraité, battu par les vents des réfugiés vivant comme ils peuvent à Paris sous la tente, entraperçus par la fenêtre). Bref, un beau moment de cinéma, tout en légèreté et en délicatesse, plein d’une fantaisie aussi un peu foutraque, une belle petite comédie contemporaine, à l’image de nos vies mal jointoyées, nos vies où il y a du jeu, de l’espace, bref de la vie!

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