Joris-Karl HUYSMANS: Les Habitués de café

Joris-Karl HUYSMANS: Les Habitués de café

“Pour quelles raisons les habitués des cafés parisiens s’entêtent-ils à consommer dans un lieu public des alcools de qualité moindre et de prix plus élevé que ceux qu’ils pourraient savourer dans le confort de leur salon ? A quelle «hantise du lieu public» ce besoin peut-il correspondre ?
On trouve dans les cafés des bavards en mal d’interlocuteurs aussi bien que des taciturnes en quête de tranquillité; des joueurs, des ivrognes, des filous – et invariablement, quelques phénomènes.”
(4è de couverture)

Les Habitués de café est, sous sa couverture blanche relevée d’un S serpentin qui prend sans aises, un des delicieux petits livres des Éditions Sillages. Je ne dirai jamais assez de bien de cette maison d’édition. La qualité du papier, des textes, l’élégance et la clarté de la présentation, tout cela en fait l’un de ces délicieux objets, que je collectionne depuis un certain temps. Ils sont le contrepoint, dans ma bibliothèque, à la dématérialisation qui tend à gagner tout notre paysage intellectuel et sensible. Il faut dire que je suis moi-même un grand lecteur de livres au format numérique. Paradoxalement, mais ce n’est peut-être pas un paradoxe du tout, cette activité m’a rendu aussi plus sensible au travail de quelques éditeurs, qui sont de vrais fabriquants de livre, avec toute la noblesse que je pourrais donner à ce mot. Et les petits volumes des Éditions Sillage gagnent à être collectionnés, tant on est sûr d’y trouver, à chaque fois, quelque pépite littéraire. C’est même devenu pour moi un critère, quand je visite une librairie: la présence ou non de ces petits volumes élégants sur les étagères en dit long sur l’hôte précieux ou non que sera le libraire.

Le présent volume réunit quatre textes de Huysmans: avec Les Habitués de café Huysmans nous invite à le suivre dans ces lieux singuliers où quelques habitués se réunissent autour d’un verre, dans ce Paris de la rive gauche bien provincial (ou balzacien) encore par certains côtés. Un délice de petit texte ethnologique. Le Buffet de la gare et Une goguette sont des textes enlevés, croquant avec minutie et une pointe de distance des lieux, des atmosphères. Enfin Le Point-du-Jour nous lance à la découverte de la proche banlieue et de ses plaisirs populaires, d’une plume qui n’est pas sans rappeler le pinceau des impressionistes, plume habile à peindre ces lieux – Boulogne, l’île Seguin- où en cette fin de XIXÈME la ville plonge encore dans la campagne.

Chacun de ces textes a paru d’abord dans la presse, selon la mode de cette sociologie littéraire dans laquelle ont donné bien des écrivains de l’époque. C’est un genre que j’aime beaucoup. Une forme de flânerie, de poésie urbaine qu’on retrouvera encore plus tard sous la plume, bien que d’une autre manière, d’Aragon (Le paysan de Paris) ou de Léon-Paul Fargue (Le piéton de Paris), débarrassée de toute forme de narration autre que celle des impressions. Des jolis petits textes donc, qui sont aussi, en même temps qu’une curiosité, une bonne introduction à l’oeuvre de Huysmans.

24 réflexions sur « Joris-Karl HUYSMANS: Les Habitués de café »

    1. Les textes sont plutôt dans la veine naturaliste de Huysmans, une période de l’auteur que je connais mal, et que j’ai découverte avec plaisir.

  1. Je dois reconnaître que cette question mise en 4eme de couverture mérite en effet d’être posée ! Hehe.
    J’ai essayé la lecture numérique quelques temps… Avec des classiques plutôt courts, ça me semblait idéal. Et puis j’ai lâché. Je me suis aperçue de l’absurdité de la situation lorsque je me suis vue acheter les romans qui m’avaient plu en version papier pour pouvoir les ranger dans ma bibliothèque et les feuilleter quand bon me semblait. Force est de constater que je ne suis pas faite pour la dématérialisation du livre.
    Je n’ai jamais feuilleté les livres des éditions Sillages mais ce que tu en dis donne envie 😉

    1. Ma bibliothèque est tellement pleine à craquer que le livre numérique pour moi a été une bénédiction. Cela me permet ainsi de me constituer pour ainsi dire une bibliothèque à l’ancienne, mais où les éditions dorées et les cuirs précieux sont remplacés par des livres précieux pour moi, c’est-à-dire qui sont d’abord des livres que j’aime tenir en main.

  2. Je te rejoins sur les délicieux petits volumes des éditions Sillage, j’aime aussi les découvrir dans une librairie. J’y avais choisi des auteurs japonais et je dois à cette édition ma découverte d’un roman marquant ” jeunesse sans dieu ” de H.von Odon. Je n’avais pas remarqué le titre que tu présentes.

    1. J’ai beaucoup aimé “Jeunesse sans dieu” également d’Ödön von Horváth 😉 D’ailleurs j’ai rédigé un billet à l’époque qui doit traîner par ici. Mais il faut dire que j’ai pas mal de volumes de cette collection que j’adore et dans laquelle je pioche quand je ne sais pas trop quoi lire. Je ne suis jamais déçu.

  3. Je n’ai jamais pu me résoudre au numérique… Mon époux m’avait pourtant offert un Kindle, je ne l’utilise guère. J’ai toujours préféré le support papier et adore parcourir les étagères des libraires en quête de petits trésors littéraires. J’avoue aimé les belles éditions. Je ne connais pas du tout cet auteur mais l’extrait que tu a sélectionné me donne envie de le découvrir.

    1. C’est vrai que nous construisons chacun notre histoire personnelle avec les livres. Je ne pourrais pas me passer non plus du papier et des étagères, même si je n’ai pas de réticence en revanche avec le numérique. Et puis c’est tellement pratique quand on voyage!

  4. Merci pour cette présentation d’un livre dont le thème me plaît beaucoup, qui plus est développé dans une belle édition. C’est un tel plaisir que lire ainsi. Je me suis essayée à la lecture sur tablette que je pratique encore parfois, mais le papier me manque et j’y retourne toujours.

    1. Je fais les deux: parfois je ne peux me passer du papier, parfois j’ai une boulimie de numérique. Je crois que plusieurs supports finalement est un enrichissement.

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