Voyage au centre de ma PAL (3): le village anglais

Voyage au centre de ma PAL (3): le village anglais

english-village.jpgRésumé des épisodes précédents: las de ne pouvoir lire tous les livres que j’ai accumulé, et non content de devoir m’en tenir dans ces billets à ceux que j’ai effectivement lus, j’ai décidé, en janvier dernier, de me lancer dans un voyage périlleux à l’assaut de ma Pile de livres à lire. Ma PAL n’est plus une pile, c’est une tour, un palais fortifié, une chaîne de montagnes escarpées, où, dès le premier pas, se découvre un pays, des contrées, de vastes paysages. Ayant commencé à m’enfoncer au cœur sauvage de cette PAL, j’ai découvert d’abord un village charmant, peuplé de créatures originales répondant au nom délicieux de Libretto. Puis mon aventure m’a conduit jusqu’au marais des livres oubliés, pays de vents et des brumes, où j’attends impatiemment depuis quatre mois que quelqu’un veuille bien me tirer…

Franchement, j’aurais du me méfier, au moment d’aborder cette contrée désolée. De toutes les régions de ma PAL, ce marais est sans doute l’endroit le plus sinistre, le plus triste, celui où le Seigneur de ces lieux, voué au culte de son seul plaisir, accumule des livres dont il n’a parfois lu que quelques pages. Certains, auxquels il ne manque plus qu’un chapitre à lire se croient plus heureux que les autres. Mais il va des décisions tyranniques de celui dont le plaisir de lire est la seule loi en ces contrées qu’elles sont imprévisibles. Les sursauts désordonnés de son plaisir ont produit ce marais où raisonne, lancinante, la plainte monotone des livres échoués… Depuis près de quatre mois déjà, j’avais atterri ici, sans parvenir à m’extraire de cette terre lourde et humide qui retenait mes pieds au sol.

Cependant, un soir, un compagnon d’infortune – il s’appelait De grandes espérances et avait été écrit par un certain Dickens – me parla d’un village heureux, au creux d’une forêt enchantée, dans les parages de ce marais où des livres semblables à lui, du moins de semblable origine, auraient élu domicile lorsqu’ils avaient été précipités des rives de l’île heureuse, bien qu’elle aussi humide, qui leur avait donné le jour, jusqu’aux rayonnages labyrinthiques de ma bibliothèque. Là-bas, disait-il, une communauté s’était formée.

Je décidai de me lancer à la recherche de ce riant village. Et, après des aventures périlleuses que je vous conterai peut-être un jour, je découvris, dans une clairière, cette société de livres heureux, tous œuvres de fiers narrateurs et d’auteurs habiles à raconter des histoires, un véritable village d’Utopie du récit. Les premières demeures que je rencontrai m’inquiétèrent un peu cependant; elles portaient toutes des enseignes figurant des apparitions sinistres hululant sur la lande ou des crimes mystérieux. Puis, j’abordai une rue pacifique qui était un véritable marché en plein air de la pâtisserie: des scones, des cupcakes, des bonbons multicolores, toute une collection de théières et de thés odorants. Des jeunes filles vêtues à la mode de Jane Austen déambulaient en lisant Ann Radclife, les soeurs Brontë, George Eliot. Puis, une rue plus loin, ce fut l’agitation d’une foule agitée. Un roman de Forster côtoyait deux Virginia Woolf et, dans un bus qui passait, je vis un prêtre – ou un espion? – il portait des lunettes noires – cacher une carte de visite sur laquelle j’aperçus seulement le nom de son auteur: Graham Greene. Ce fut encore, plus loin, une bande de jeunes portant la crête et des pantalons à carreaux taguant sur les murs “No future“, des pubs au croisement de chaque rue.

Ce village, qui se révéla être une ville, car le Seigneur de ces contrées accumulait depuis quelques temps les livres de même origine, était à la veille d’un mois de festivités, qu’on m’annonça être un événement annuel en cette région, car elle était l’occasion pour le Maître, de s’abandonner avec volupté à son goût pour la littérature britannique. Je demandai le nom de ces fêtes uniques. On m’annonça avec humour: comment, vous ne connaissez pas le Mois anglais?

Je vous donne une petite vue des habitants de cette ville qui attendent en trépignant d’être découverts au cours de ce mois anglais:

  Butler--Ainsi-va-toute-chair.jpgEliot, Le Moulin sur la Floss Hardy--Tess.jpgTrollope--Miss-Mackenzie.jpg 

Les forestiers

Le mois anglais, du 1er au 30 juin, est organisé par Lou et Titine

(à suivre)

10 réflexions sur « Voyage au centre de ma PAL (3): le village anglais »

  1. J’adore ta présentation et tes voyages dans ta PAL !
    Bon, par contre ton petit village est un peu trop classique et noir pour moi (je préfère des romans plus optimistes), mais je te souhaite de bonnes lectures ! 🙂

  2. @JainaXF: il y a bien des recoins dans ce village anglais, et j’ai tout un mois pour l’explorer. Je suis sûr que doit s’y cacher un ou deux romans à ton goût.

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